Personnellement, je trouve que la question est d'abord d'ordre juridique. Et c'est pourquoi il semble difficile d'apporter une réponse franche à cette dernière. Je ne vais pas m'attarder sur ce que dit la loi en France (
n'ayant, moi non plus une formation de juriste ).
Je me suis tourné vers wikipédia pour lire des choses sur le sujet, le point de vue y étant plus ou moins neutre, d'habitude. La page
AMV de la Wikipédia anglophone comprend une section "
AMV and copyright infringement". Cette section fait l'objet
d'une discussion. La section donne des informations intéressantes mais est en anglais. Elle donne des éléments de réponse en ce qui concerne le Japon.
Les AMVs peuvent ne pas être considérés comme un simple phénomène de mode mais un domaine artistique à part entière. Sur un leader du marché des sites de partage en ligne de vidéos, il y en a environ 561000. Le premier résultat marque plus d'un million de visionnages. Vu l'importance du phénomène, attaquer des auteurs d'AMVs (dispercés dans le monde entier, donc soumis à des juridictions disparates, cf. justice russe laxiste avec allofmp3) serait fastidieux si la qualité d'hébergeurs non responsables est reconnue aux sites de partages de vidéos.
C'est pour cette raison qu'il serait vain de vouloir les éradiquer au nom du respect des droits d'auteurs. De plus, les personnes à l'origine de ces AMVs sont, pour la majorité, de grands fans des animes et des musiques qu'ils utilisent. Les punir est donc à double tranchant pour les ayants droits.
De plus, il faut voir par où penche la balance bénéfices/désagréments. Après tout, les copyrights ne sont seulement là que pour permettre aux ayants droits de les faire valoir lorsqu'ils s'estiment particulièrement lésés. J'ai le souvenir d'un texte que je n'arrive pas à retrouver (si quelqu'un sait où je peut le retrouver, merci de me le dire) qui comportait l'analyse suivante :
Des chaînes de télé de Nouvelle Zélande diffusait des clips sans donner de contrepartie aux ayants-droits. Ces derniers les attaquèrent en justice en demandant trop. Les chaînes décidèrent de ne plus diffuser de clips. Le marché piqua alors du nez. Un label fut obligé d'acheter à prix d'or une coupure publicitaire pour pouvoir promouvoir un seul de ses artistes. Au final, les ayants-droits revinrent voir les chaînes en rampant.
Les AMVs sont dans un sens une manne pour les ayants-droits car elles leurs donne l'occasion de se faire de la pub à moindre frais, ceux qui les regardent ayant la possibilité de s'informer sur les artistes à l'origine des parties vidéos et audio. Ils sont, de plus, diffusés en masse sur des services de vidéos en ligne qui ne permettent pas
au commun des mortels de les télécharger.C'est le bazar pour arriver à extraire la bande sonore et la convertir en un format utilisable. Les utilisateurs ne peuvent donc généralement pas conserver la musique (le piratage de la musique prenant des proportions autres que la création d'AMV sans accord préliminaire des créateurs).
Je pense que l'établissement d'une redevance du site aux ayants-droits permettrait de régulariser leur existence. Le fan peut s'approprier pleinement l'oeuvre qu'il révère et il en retire la reconnaissance de ses pairs. Le créateur n'est pas oublié et a un coup de pouce pour continuer de pratiquer son art. Le site de partage devient alors un diffuseur similaire aux radios, par exemple.
Pour finir, Il faut toutefois concéder que les AMVs créés peuvent ne pas être du goût des créateurs et de l'image qu'ils souhaitent afficher. Il faut alors peut être repenser les droits d'auteurs définis en 1957 à la lumière de l'existence du monde numérique.
Comme l'a dit récemment Julien Dourgnon, directeur des études à l'UFC Que Choisir, "il faut voir comment adapter le droit pour ne pas brider les usages modernes", la réactivité "d'Internet" est bien supérieure à celle des légiférants.
Pour finir, je souhaiterais proposer une image. Par "Internet", on peu entendre un être vivant dont les cellules sont les internautes. Afin de faire évoluer cet être, il se produit des modifications au niveau de "l'ADN" suite à l'intervention du hasard où à l'infection par un virus. Ici, les modifications sont les nouvelles possibilités offertes par le développement du réseau des réseaux. Le hasard et les virus sont là pour montrer que ces modifications peuvent être bonnes ou mauvaises. Il est pourtant extrêmement bénéfique de les laisser ce produire. Le droit, remplacé dans la métaphore par le réseau de lymphocytes LT4, ne doit pas provoquer systématiquement de réponse violente...