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Page 2 sur 2Précédent 1, 2La planète des Alphas : et si on privatisait l'alphabet ?

Le libre et l'école vont (ou devraient aller) si bien ensemble...

Lun 07 Déc, 2009 10:51

En faisant une recherche sur Big Gé, je suis tombé sur plusieurs articles qui descendent la méthode, comparant Mademoiselle U à une figurine MacDo (entre autre)... pour ensuite m'apercevoir que c'était à chaque fois le même auteur.
Sur cette page on trouve la confrontation entre les deux points de vue, celui de Pierre Frackowiak, inspecteur d'académie, et les créateurs de la méthode.
Les créateur des Alphas a écrit:
Pierre Frackowiak a écrit:Les alphas, la méthode qui fait revenir la pédagogie 190 ans en arrière (…) on a même retrouvé un monsieur U dans un manuel de 1817

A lire M. Frackowiak, on serait tenté de se demander qui fait un bond de 190 ans en arrière, surtout quand on songe que la méthode globale trouve son origine vers la fin du 18ème siècle..
Comme nous l'avons montré, les abécédaires du 19ème siècle n'ont rien à voir avec les alphas. De tout temps, on a cherché à décorer les lettres, à les humaniser pour les rendre plus sympathiques. Mais les alphas sont bien autre chose que des lettres décorées. Ils ont la forme et une raison d'émettre le son des lettres qu'ils représentent. De plus, leur nom commence par cette lettre. Le "f", par exemple, est une fusée dont le bruit du moteur fait "ffff". Ainsi, les alphas matérialisent la relation qui unit les unités phoniques du langage oral aux unités graphique du langage écrit. Donnant une image concrète aux phonèmes si abstraits de notre langage, les alphas permettent de contourner l'abstraction qui fait souvent défaut aux jeunes apprentis lecteurs de cinq ou six ans. Ils représentent le principe alphabétique mis sous une forme adaptée au monde des enfants.

J'avais un prof à la fac qui racontait que son bébé, quand il a commencé à prononcer des syllabes avec un certain sens, avait dit "Ma" lorsque sa mère l'avait déposé dans le lit. Les parents s'extasiaient évidemment devant le gamin pensant qu'il voulait dire "Maman" et ils en étaient resté là. Plus tard, ils se promenaient sur la plage devant un couché de soleil et là le gamin redit "Ma" en montrant le soleil du doigt... En fait, "Ma" désignait la lumière de l'ampoule au dessus de la tête de la mère lorsqu'il était allongé dans le lit.
Bref, mon prof voulait dire par là que les gamins sont doués d'abstraction (pas que son gamin est un génie :) ) puisque dans cet exemple, la notion de lumière prévalait sur l'ampoule ou le soleil.
JosephK

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Lun 07 Déc, 2009 12:24

JosephK a écrit:Bref, mon prof voulait dire par là que les gamins sont doués d'abstraction (pas que son gamin est un génie :) ) puisque dans cet exemple, la notion de lumière prévalait sur l'ampoule ou le soleil.
Je ne sais pas si on peut parler d'abstraction dans ce cas. C'est plutôt le cerveau de l'adulte qui ne va se concentrer sur élément qui produit la lumière au lieu de simplement voir qu'il y a de la lumière.

Prenons un autre exemple, si on te jette de l'eau dessus, que ce soit avec une bouteille verte ou bleue, tu vas d'abord voir l'eau, parce que c'est l'élément qui a la priorité dans ton traitement de l'information. La couleur de la bouteille, voire sa forme, est accessoire quand tu te fais arroser.

Ce n'est pas évident de réfléchir comme un bébé puisqu'on a pas le même cerveau car le nôtre a été façonné plus longtemps.

Je pense que les abstractions viennent une fois qu'on a suffisamment observé le monde (comprendre que tu es déjà mouillé et qu'on continue à t'arroser) pour établir des relations entre les objets, les causes, les effets.

Pour en revenir à l'enfant et son "ma". Une fois son "observation" de la lumière finie, il comprendra que c'est l'interrupteur qu'on actionne qui fait que la lumière est ou n'est pas, que le soleil se couche et se lève (il utilisera les repères de son activité journalière pour établir une chronologie).

Viendront ensuite les questions : pourquoi l'ampoule fait de la lumière ?, Pourquoi le soleil se lève et se couche ?

Bref, il manipulera des abstractions, des relations tôt ou tard. Non pas par parce qu'il est un génie mais parce que c'est comme ça.

Même les animaux autre que l'homme manipulent des abstractions dont la complexité diffère suivant l'espèce et l'individu.

Je trouve donc que la phrase "Donnant une image concrète aux phonèmes si abstraits de notre langage, les alphas permettent de contourner l'abstraction qui fait souvent défaut aux jeunes apprentis lecteurs de cinq ou six ans." doit être plus fortement nuancée qu'elle ne l'est. Oui pour ceux qui ont de réels problèmes. Non pour les autres même cela pourra être gardé en complément si problème il y a.

Je ne connais pas les tréfonds de l'EN mais les souvenirs de l'instituteur inquiété car il ne voulait pas faire appliquer la méthode globale me laisse à penser qu'on doit y appliquer la méthode officielle et rien que la méthode officielle (je disgresse).

Cela me fait penser à l'armée où on doit se référer au TTA. Mais là-bas, sur le terrain, on nous laisse l'intelligence de faire autrement si cela s'avère nécessaire et tant que cela ne pose pas de problème majeur.
Attentyon, ponaytte maychante !
Téthis

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Géo : De passage chez les cathares

Lun 07 Déc, 2009 22:34

j'ai une idée.
nous pouvons breveter une idée ?
brevetons l'idée de brevet :P
Une ch'tio peu d'pub :http://www.ina-ich.net/

"L'ignorance n'est pas ne pas connaître, c'est ne pas vouloir connaître."
Ubuntu 11.10 | LibreOffice | GnuPlot | PidGin | irssi | suite Mozilla | VLC ...
Mikelenain

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Géo : Lyon

Dim 20 Déc, 2009 08:35

Bonjour à tous,

Un petit mot sur quelques unes des notions remuées dans ce fil. Plutôt un témoignage qu'une analyse.

Je tique un peu quand j'entends parler de méthode "globale".
Lors de ma formation initiale d'instit, puis de ma formation continue (oui, il y eut un temps où une telle chose existait...), je crois bien n'avoir entendu parler de "méthode" globale" qu'une seule fois, c'est quand Éveline Charmeux, qui fut mon professeur à Toulouse, nous indiqua l'existence d'une méthode ainsi nommée dans les années 60, et qui y fut je crois un peu utilisée. Elle parlait bien d'un passé lointain, à l'échelle de l'histoire des pratiques pédagogiques.

Ceux de ma génération au moins n'ont pas appris de méthode, ni "globale", ni "syllabique", ils ont appris une approche de la lecture, une démarche que nous appelions "textuelle" - l'unité /de base/ n'est pas le mot ni la syllabe, mais le texte -, et qui représente bien l'approche la plus intelligente et la plus productive de la lecture dont j'ai jamais eu connaissance. Avec des limites certainement, mais ce n'est guère gênant puisqu'il s'agit d'une approche ouverte, pas d'un dogme. La grande qualité de cette approche pour moi est que toutes les facettes de l'apprentissage de la lecture, accès au sens, phonologie, orthographe, discrimination visuelle... y trouvaient leur place, de façon clairement pensée et plutôt harmonieuse je trouve.

Et c'est là que vous vous ruez sur le site d'Éveline Charmeux: http://www.charmeux.fr/

Mes autres formateurs en fait de lecture étaient Michel Grandaty et Jacques Fijalkow, lisez-les, il n'ont rien écrit que de passionnant je pense.

Certes, nous vivons une période incroyablement réactionnaire en fait de pédagogie, les médias n'ont cessé de pousser l'opposition factice globale/syllabique, et aujourd'hui on doit plus que jamais donner l'impression d'être un bon enseignant si l'on sait considérablement faire ânoner les enfants. La haine de l'intelligence, vous pensez que ça peut payer?

Les jeunes collègues qui lâchent ce mot de "méthode globale" quand il voient certains aspects de mon travail avec les enfants me laissent sans voix. Et franchement, je les trouve bien les jeunes collègues, très sérieux, très bosseurs. J'espère que je me trompe, mais j'ai le sentiment qu'on ne leur a pas dit que les enfants vont du facile au difficile, et pas du simple au complexe. Bah, il s'en apercevront. Espérons.

Quand aux "alphas", j'ai découvert ça cette année, une jeune collègue l'utilise. Elle trouve que ça marche bien. Je trouve que ça ressemble plus à du dressage qu'à un apprentissage, mais qui sait vraiment comment les enfants se débrouillent pour apprendre à lire, il sont capables de tout décidément, même de rendre les "alphas" féconds. Enfin j'espère pour eux.

En fait j'espère aussi qu'il n'est pas vrai que l'Éducation Nationale se soit lancée dans l'élevage de lecteurs minimaux juste pour ménager les élites. Les enfants, et la majorité des collègues valent mieux que ça.

Bon, vu le blues que je viens de me donner en écrivant la précédente phrase, j'arrête le compte de mes 2 centimes à 1,50. Notez tout de même que j'ai écrit "espoir" au moins trois fois, c'est méritoire par les temps qui courent.
Phil (la personne et le masque).
"Non, que jamais ces mots insupportables ne sortent de notre bouche : "moi, la vérité, je parle"."
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philh

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Géo : Oh, pas ici.

Dim 24 Jan, 2010 21:15

Bon, l'alphabet apparament c'est pris. Vite déposons les chiffres !
Ah, on m'oreillette que c'est déjà trop tard depuis longtemps
:?
kinovea.org
joan

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Géo : France, Aquitaine, Bordeaux

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