Sertt a écrit:mais simplement de snobisme (encore un terme qui vient de l'anglais : voyez !). C'est plus fun, cool, in, bref, branché en anglais...
snobisme est en fait issu d'une abréviation latine : SNOB qui signifie SiNe NoBile. C'est ce qui était marqué sur les listes d'élèves dans les collèges huppés britanniques (style Eton) en face du nom des enfants non issus de la noblesse : sine nobile signifie sans noblesse (sans titre en fait)
Par extension, ça a fini par désigner les bourgeois qui voulaient faire comme les nobles.
Je ne m'attendais pas à tomber sur un tel sujet de débat sur ce forum, mais je trouve cela très sain qu'on se pose ces questions culturelles dans le milieu du logiciel libre..
En tous cas, je suis totalement d'accord avec ce que dit Paco. On est bien tous d'accord que les langues s'enrichissent au contact des autres, il faudrait être de mauvaise foi pour le nier. Mais on n'est malheureusement plus dans ce cadre actuellement. On procède au remplacement du vocabulaire existant par un vocabulaire étranger, anglais essentiellement, par pur snobisme, effectivement. Et je crois que ce qui contribue le plus à ce phénomène, c'est la publicité. Il faudra bien un jour qu'on m'explique pourquoi tout le monde s'est excité quand Toubon a voulu nous pondre une loi sur le respect du français dans le cadre de la pub, parce que lorsque je regarde ce qui se fait actuellement : "Think different", "just do it", "connecting people", sans parler des ridicules "touch and fresh", "wash and go" etc.. je me dis qu'on a bien perdu notre temps à l'époque..
Les conseillers en communication, les créatifs (sic) des agences de pub, voilà les nouveaux maîtres de l'évolution du langage courant. Cela donne un éclairage un peu inquiétant sur la question, quand on sait que le but ultime de ces personnes est de pouvoir agir sur le comportement et la pensée du plus grand nombre d'individus.. Le tout relayé par la force de frappe des media (tiens un mot latin).. sûr que tout sera bientôt sous contrôle.. hmm, c'est peut-être déjà le cas.. Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement a-t-on coutume de dire. Pour cela il faut des mots dont on maîtrise le sens et qui soient compréhensibles par ses interlocuteurs.. Or la démarche choisie est bien souvent d'en mettre plein la vue avec du "overbooké", du "cashflow", du "borderline" etc, on ne fait plus de compte rendu, mais du "reporting", on n'accompagne plus un nouveau cadre dans sa prise de fonction, mais on fait du "coaching", bref, tout cela sert bien souvent à masquer la vacuité de la pensée.. Mais il faut quand même se méfier, car lorqu'on n'arrive pas à s'exprimer par les mots, on finit par le faire par l'action, même violente...
La démarche a aussi quelque chose de ridicule, ça me fait un peu penser aux chanteurs yéyé des années 60, pour qui tout ce qui venait des states était magique.. quitte à chanter n'importe quoi sans comprendre un mot, sans parler de ceux qui chantaient carrément en "yaourt", ou qui prenaient des noms de scène du genre "johnny halliday", "dick rivers", "eddy mitchell".. je trouve cela pathétique.. Pourquoi un tel complexe d'infériorité ? ça me dépasse..