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La plus grande bataille du XXIe siècle...

Image Libérer les logiciels et tout autre contenu, comment adopter une Licence Libre ? (GNU GPL, Art Libre et Creative Commons).
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Lun 31 Jan, 2005 09:34

«La plus grande bataille du XXIe siècle sera celle contre la mainmise sur les technologies par les multinationales», déclare Lawrence Lessig, professeur de droit à l'université de Stanford (Californie), fondateur de Creative Commons, altermodèle du strict copyright,

Le copyright, cible de Porto Alegre (Libération)
http://www.liberation.fr/page.php?Article=271947
aKa

Messages : 7721
Géo : Roma

Lun 31 Jan, 2005 11:18

aKa a écrit:Le copyright, cible de Porto Alegre (Libération)
http://www.liberation.fr/page.php?Article=271947


1. L'article est très bien écrit et très intéressant.

2.
Pour le ministre de la Culture brésilien, justement, face à des géants comme Microsoft qui aliènent toute liberté de choix, «il faut revenir, via les logiciels libres, à l'Internet, espace de créativité et d'innovation, d'échange et de gratuité».


Dans une société (mondiale) de consommation où l'argent demeure un puissant moteur, il ne faut pas tomber dans la démagogie prônant la "gratuité" tous azimuts et utopique. Oui, la gratuité est possible et souhaitable dans bien des cas mais certainement pas dans tous les domaines. Les idéaux sont une chose, la réalité économique en est une autre.
Free like a bird

Messages : 2410
Géo : Région parisienne

Lun 31 Jan, 2005 11:59

Free like a bird a écrit:Dans une société (mondiale) de consommation où l'argent demeure un puissant moteur, il ne faut pas tomber dans la démagogie prônant la "gratuité" tous azimuts et utopique. Oui, la gratuité est possible et souhaitable dans bien des cas mais certainement pas dans tous les domaines. Les idéaux sont une chose, la réalité économique en est une autre.


Tout à fait d'accord.
Mais je crois que, même s'il existe toujours, le discours [mode triple pincettes]"extremiste libriste"[/mode triple pincettes] ("brulons tout ce qui n'est pas libre") s'est un peu calmé.

Aujourd'hui, le concensus se fait plutôt autour du : "Laissez-nous un espace juridique pour exprimer librement notre créativité".

Les différences se font surtout :
1- dans la forme de la demande : le "Laissez-nous (...)" devient parfois, à tort ou a raison, un "Nous prenons de force (...)"
2- dans les "menaces" sous-jacentes : "Laissez-nous (...). Sinon, (on boycotte|on vous crache dessus|vous finirez par en crever|on se servira que ça vous plaise ou non)"

Dans mon cas personnel de développeur d'applications GPL (et je ne pense pas être le seul), cela signifie que je ne m'adresse pas aux grosses boites propriétaires (à la microsoft) ou aux majors (à la V.U.). Quand je crée/utilise un soft libre ou que j'écoute de la musique libre, ce n'est pas "pour leur faire la nique" ou "renverser le systeme". Personnellement, je me fiche pas mal que MS se fasse des thunes, ou que Sardou fasse construire une 5eme piscine. On vit dans un systeme capitaliste, que j'accepte parfaitement (et auquel je participe quotidiemment).

Tout ce que je demande, c'est un "espace" ou __certaines__ créations ne seraient pas systématiquement dépendantes d'une relation basée sur l'échange financier (gratuité, mais pas nécéssairement) et où ces même créations pourraient être réutilisées librement (liberté).

Or aujourd'hui, en France, cet espace n'a pas de réalité juridique : que je sache, la GPL (ou Art Libre, ou autre) n'a jamais été "validée" par un tribunal français (et encore moins passé dans un code législatif). En cas de "mauvais" jugement (invalidation de la GPL), que deviendrait mon code ? il tomberait sous le coup de la propriété privée/intellectuelle (la mienne), mais pour le "partager", je n'aurais plus que 2 solutions : le vendre ou le donner.

Aujourd'hui, je suis réaliste, mes applications ne sont pas suffisament "pro" pour pouvoir être vendues. Le jour où cela sera le cas, où elles pourront générer de l'argent et remplir mon assiette et celles de mes gosses, je n'hésiterais pas.
Je n'en suis pas encore là, mais ce n'est pas une raison pour donner sans contrepartie mon travail (et les heures passées dessus). Ajourd'hui, la seule contrepartie que je demande, c'est que mon nom soit cité et que si mon travail est modifié par d'autres, il soit partagé selon les memes condition de copyleft.
C'est à mon sens un échange "gagnant-gagnant", juste et équilibré pour moi et l'utilisateur, même s'il ne repose pas sur un échange financier.

Tout ça pour dire que je suis d'accord avec toi : le "tout libre" est une utopie non-souhaitable (voire dangereuse). Tout ce que je demande, c'est que le "libre" soit reconnu juridiquement (et, accessoirement, médiatiquement) afin de pouvoir abaisser certaines "barrières à l'entrée" (en terme d'économie industrielle) de la création.

C'est, je pense, ce que voulais dire le ministre Brésilien : il a lui même vendu qq millions d'albums, mais ça ne l'a pas empêché de participer au "wired CD", et cela ne veut pas dire que ses prochains titres seront nécéssairement sous licence CC. Les 2 systemes peuvent cohabiter.
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pyg

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Messages : 7858
Géo : Lyonnais

Lun 07 Fév, 2005 17:20

«La plus grande bataille du XXIe siècle sera celle contre la mainmise sur les technologies par les multinationales», déclare Lawrence Lessig, professeur de droit à l'université de Stanford (Californie), fondateur de Creative Commons, altermodèle du strict copyright


Voici ma petite contribution à la plus grande bataille :

Je suis d'accord, c'est une grande bataille à mener mais sûrement pas la plus grande. En effet, la plus grande bataille sera Ecologique, mais je doute ici de nos capacités à les surmonter avant de que tous les scientifiques météorologiques nomment : le point de non retour.
Je rappel que "Le Monde" ou "Libération" disent dans de nombreux articles sur la biodiversité et le climat que le point de non retour est dans 5 à 10 ans. Etant donné que l'administration US (1er pollueur) se contrefiche de Kyoto et de l'écologie en générale, je suis donc pessimiste.

Ceci dit, la mainmise sur les technologies par les multinationales est une réelle grande bataille.
Je citerai alors Justin Podur :
"Si l'histoire nous juge sévèrement, nous qui vivons dans les pays riches, ce ne sera pas pour nos choix de consommation individuels, mais pour ne pas avoir combattu les structures de domination et les rapports de pouvoir qui fixent le contexte de ces choix".
En d'autre terme, cela rejoint l'analyse de Lawrence Lessig. Notre avenir dépendra de notre capacité individuelle et collective à combattre les structures de domination (multinationales, investisseurs institutionnels, marché) et le pouvoir de ses institutions et multinationales qui induit notre perte de pouvoir étatique et citoyen.
En effet, les états (et politiques lâches) sont unanimes sur leur perte de pouvoir au détriment d’institutions internationales (OMC, FMI, Banques mondiales, parfois CE), d’une part par les dettes contractées par ces états, d’autre part par le libre échange ou libéralisme (pas de taxe douanière).
Aussi, les citoyens sont peu à peu conscient de leur perte de pouvoir à décider de leur avenir d’une part par la privatisation contrainte des services publics qui font le bonheur des multinationales (car pour eux, ce sont de nouveaux marchés juteux), d’autre part par la rupture idéologique des gouvernements successifs (gauche et droite confondues) depuis un peu plus de 20 ans (en effet, il y a 20 ans, l’état se voulait répartiteur des richesses créées, maintenant, on parle de la fin de l’état providence, sic) et enfin par un manque de débat ahurissant : pas de débat (OGM, Europe), pas de référendum (privatisation des services publics), les votes ignorés (Régionale, Européennes), les manifestations ignorées…

A l’instar du "copyright" sur le double click de Microsoft, Bové dénonce par exemple le "copyright" sur le vivant (OGM), du moins demande t il un débat, débat d’autant plus légitime qu’une majorité de français ne veulent pas d’OGM dans leurs assiettes.
Je suis de ceux qui pense qu’il faut définir des biens publics les éléments essentielles de survie : EAU, SANTE, EDUCATION, ENERGIE, ...) et leur donner un statut particulier, à l’instar du système d’exploitation Linux. Linux n’est il pas une réaction d’informaticien de génie sur le constat que le monde n’avait pas le choix de son système d’exploitation autre que Windows ?

Mais Linux est né car le pouvoir de Microsoft n’était pas encore globale et la réaction encore possible, mais imaginez un monde ou des éléments indispensables à la survie comme l’eau (c’est déjà le cas) ou l’air seraient aux mains de multinationales à fond Microsoft. Ces informaticiens géniaux n’auraient pas fait long feu. De plus, Linux n’a pas été pris au sérieux par Microsoft, ce n’est plus le cas maintenant.

Pour s’en convaincre, Richard M. Stallman (père des logiciels libres) dit à ce sujet :
"Si on étudie la mondialisation, on observe la mise en place d'un certain nombre de politiques au nom de l'efficacité économique ou de prétendus traités de libre échange - traités dont le véritable but est d'augmenter le pouvoir des grandes entreprises au détriment des lois et des politiques. Ce ne sont pas vraiment des traités de libre échange. Ce sont des traités qui mettent en place un transfert de pouvoir : ils retirent aux citoyens le pouvoir de décision - décisions portant sur leurs propres intérêts ou ceux de leur pays - pour l'attribuer à des entreprises qui ne prendront pas en compte les intérêts de ces citoyens (...) Les traités signés dans les années 1990 ont commencé à imposer le copyright au monde entier, d'une manière plus forte et plus restrictive qu'auparavant. Ce ne sont pas des traités de libre échange. Ce sont des traités de commerce contrôlés par les entreprises et dont le but est d'attribuer aux entreprises le contrôle du commerce mondial, afin d'éliminer tout libre échange."

Je crois que c’est clair. Le libéralisme, c’est plus de liberté pour les capitaux et multinationales, moins de liberté pour les états et les citoyens. CQFD
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