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Biopiraterie & Indiens du Brésil

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Mer 01 Sep, 2004 13:34

Un article de Libération révélateur (mais de quoi ?).

Biopiraterie. Au Brésil, la communauté milite pour protéger son patrimoine thérapeutique.

nous voulons un régime juridique spécial, reconnaissant la propriété intellectuelle des communautés indigènes sur ces connaissances. Un tel régime instituerait la notion nouvelle de droits d'auteur collectifs, qui bénéficieraient à toute la communauté, ces savoirs n'étant pas détenus par une seule personne


Les Indiens plaident pour leurs savoirs

Difficile de prendre position tant le sujet est dense pour ne pas dire complexe.
aKa

Messages : 7721
Géo : Roma

Mer 01 Sep, 2004 14:06

bonjour,

ces deux extraits de l'article résument bien le pb :

Pragmatisme. Il s'agit, selon la déclaration finale, de mettre fin à l'«usurpation» de ces savoirs ancestraux qui se poursuit malgré l'adoption, en 1992, de la convention sur la diversité biologique (CDB). Ce texte, qui établit la souveraineté des pays sur leurs ressources biologiques et le partage équitable des fruits de la biodiversité, est resté lettre morte. Résultat, des espèces végétales et animales sont pillées par des chercheurs ou des entreprises, le plus souvent des pays riches, et leurs principes actifs brevetés sans aucune contrepartie financière pour le pays d'où vient l'espèce, ni pour la communauté indigène qui en connaît les propriétés. Idem pour les composés naturels tropicaux comme le curare, un poison utilisé par les chasseurs d'Amazonie sur les pointes de leurs flèches et dont les vertus anesthésiques sont exploitées par les labos américains Squibb et Glaxo.

Lors de leur première rencontre, en 2001, les pajés s'étaient dits opposés au brevetage de produits élaborés à partir des savoirs traditionnels. Plus aujourd'hui. Pragmatisme oblige, explique Daniel Munduruku, président de l'Institut indigène brésilien pour la propriété intellectuelle, coorganisateur de la rencontre. «Nous réclamons une répartition des bénéfices, y compris sur les produits déjà sur le marché et sur l'usage des ressources biologiques se trouvant sur nos terres, ressources que nous seuls pouvons exploiter (sauf le sous-sol), selon la Constitution. Mais nous revendiquons aussi le droit de refuser de partager nos ressources ou nos savoirs traditionnels


C'est un pb avec les industries du médicament. Les molécules et principes actifs utilisés -notamment- dans les médicaments sont soit d'origine naturelle, soit industrielle. Au cours du XX° siècle, la recherche scientifique et industrielle a permis de sortir pas mal de molécules de synthèse. On s'est rendu compte que les molécules naturelles étaient un énorme réserve

Les forêts amazoniennes ne sont pas qu'un poumon vert, c'est aussi un des principaux 'stock' de biodiversité, qui contient des espèces uniques. C'est la découverte et l'exploitation de ces richesses qui est en cours, et cette exploitation permet la mise sur le marché de nouveaux médicaments efficaces et utiles.

Le pb, c'est la manière dont c'est fait, à la barbare, un peu comme la déforestation. L'industrie, principalement nord-américaine- effectue une razzia sur ces richesses qui constituent un bien commun de l'humanité, et s'en approprient l'entier bénéfice. L'histoire se répète un peu, et ce bégaiement devient lassant.

L'attitude des indiens a évolué :
- au début, ils étaient dans un 'esprit libre' : ces ressources ont été mises à la disposition de l'humanité, elles appartiennent à tout le monde, personne (et pas nous les indiens) n'a le droit d'en revendiquer la propriété. C'est pas parce que c'est sur notre territoire et parce qu'on les utilise depuis des siècles qu'on va s'en prétendre propriétaires.
- puis, face au pillage organisé par l'homme blanc, il a bien fallu se rendre à l'évidence : la vessie vidée, le violon n'était toujours pas rempli. D'où la nouvelle stratégie : 'ok, c'est sur notre territoire et on exploite ça depuis des siècles, donc on est titulaire des droits, va falloir discuter gros sous'.

Ca commence comme l'histoire du pot de terre et du pot de fer. On aimerai bien une autre fin, pour changer. La cigogne et le renard ? La grenouille et le boeuf ? Perrette et son pot de lait ?

A+LS.
LS.

Messages : 3602

Mer 01 Sep, 2004 15:59

Le problème qui se pose n'est pas de savoir comment revendiquer, par le biais de lois ou de brevets, un savoir, une connaissance traditionnelle et médicinale par exemple mais de reconnaître la valeur de la connaissance de ces peuplades dont le principe de rationalité n'a pas exactement la même origine que la nôtre.

Un anthropologue, plus ou moins controversé, Jeremy Narby, travaille sur cette idée, voire combat pour faire accepter que le principe de rationalité à l'occidentale n'est pas tellement applicable surtout lorsqu'on rentre sur le terrain des savoirs, de la connaissance basés sur la prise de produits hallucinogènes en matière de chamanisme.

Encore une fois, revendiquer des brevets ou un prix par exemple cache le vrai débat sur la reconnaissance du savoir des tribus et leur fonctionnement qui, pour nous, occidentaux n'est pas rationnel mais dont on utilise les retombées.

En contre partie, cela peut aussi être le moyen à ces peuplades de pouvoir racheter des terrains dont elles ont été dépossédées alors qu'elles n'ont jamais quitté leurs territoires.

Le noeud gordien est là aussi. Donc que ces tribus fassent appel à des principes parfaitement logiques et rationnels (imposer un droit, obtenir de l'argent pour racheter des terrains) pour nous occidentaux est un moyen de se faire entendre selon ce que nous sommes capables de comprendre et d'entendre...

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