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Comment me dissuader de prendre le maquis ?

Forum dédié au débat avec les députés Carayon et Cazenave ayant eu lieu le 28 mars 2006.

Mar 28 Mars, 2006 14:51

Dans ses discours à l'hydromel ( = mielleux et alambiqués), le ministre RDDV prétend reconnaître, garantir, pérenniser, ... le droit (l'exception) à la copie privée.
Ces propos prouvent qu'il connaît l'importance sociale du libre accès à la culture, qu'il sait pourquoi les législateurs l'ont reconnu et garanti depuis fort longtemps par l'exception de copie privée.
Pourtant, cette loi fait sciemment disparaître le concept même de copie privée (ou le dénature à un point tél que ça revient au même).
Alors que la loi autorisait toute copie d'une oeuvre pour l'usage privé et exclusif de « la personne » qui fait cette copie, sans aucune autre restriction, la nouvelle loi DADVSI se propose d'autoriser « le consommateur » ayant dûment acheté une oeuvre à en effectuer un nombre restreint de copies pour son usage privé (dont le législateur n'assume même pas la tache de fixer la limite basse et laisse cette besogne à une juridiction d'exception qui pourra même ramener ce nombre à zéro). Et qu'importe si ce nombre est même inférieur à celui requis par un usage normal (consommation ?) de l'oeuvre (le produit ?) dûment acquise (remplacement périodique du contenu d'un baladeur, dispositions sur tous les appareils de la maison/voiture/bureau, ...).

Prétendre « garantir le droit légitime à la copie privée auquel nous sommes tous attachés » et remplacer l'accès inconditionnel à la culture personnelle qu'assure la copie à usage privé des oeuvres culturelles, par des restrictions aberrantes à un usage normal de produits culturels pourtant honnêtement achetés ... désolé monsieur le ministre, désolé messieurs les députés, je n'ai pas bu assez d'hydromel pour ne pas voir l'énormité de la supercherie et de l'arnaque.

L'hydromel du discours ne m'empêche pas non plus de reconnaître la langue de bois.

Sur ce point précis (le ministre se venant de défendre le droit à la copie privée alors qu'il est en train de le mettre à mort), la langue de bois du ministre insulte mon intelligence, mais cette langue de bois, cette hypocrisie, sont la marque de fabrique du projet de loi DADVSI.
Cette loi prétend défendre les intérêts des créateurs contre leur public (les études et les chiffres d'affaires montrent que la copie privée ne nuit en rien aux auteurs), en qualifiant celui ci de pirate puis en le mettant hors la loi, en enfermant les oeuvres dans des cadenas numériques, les DRM, dont seuls les industriels auront le contrôle, elle cherche à anéantir tout modèle de distribution alternatif ou concurrent à un modèle de distribution « légal » (forcément, les autres sont rendus illégaux par cette loi !) que les grands groupes seront seuls à pouvoir mettre en place pour des raisons de licences (même si ce ne sont pas des brevets !) et de promotion.
Les amendements autorisant la recherche sur les systèmes de P2P et la cryptographie sont très bien, partent d'un bon sentiment, mais ne sont que de la foutaise puisque cette loi interdit leur promotion et donc le développement de réseaux alternatifs comme Musique-libre ou autres Jamendo (qui expliquait que la récente mise à mort du serveur Razorback est pour eux une catastrophe !), seule la publicité (la propagande) des réseaux « légaux » sera autorisée.

C'est bien là, à mon sens, le véritable esprit de cette loi : offrir aux majors un nouveau marché, et même l'exclusivité sur ce nouveau marché, en rendant illégal tout ce qui pourrait leur faire de l'ombre, copie privée comprise.
Tout cela sous prétexte de protéger les pauvres petits artistes contre les vilains méchants pirates que nous serions tous, nous, leur public.
Cette mascarade pourrait prèter à rire de bon coeur si ce n'était si grave.


Avant de vous poser la seule question que j'ai envie de vous poser sur ce forum messieurs les députés, je me dois de vous informer de ma position et de mes intentions.
Je viens de vous expliquer pourquoi il me semble évident que cette loi sert éhontément les intérêts d'un groupe de pression, d'un relativement petit groupe d'industriels et de financiers, contre l'immense majorité de la population française et, dans une certaine mesure, contre les artistes eux mêmes, les auteurs qu'elle prétend pourtant défendre.

En tant que citoyen responsable, j'ai la très ferme intention de refuser d'obéir à cette loi que je considère scélérate et illégitime, je continuerai à appliquer l'exception actuelle de copie privée (ce que je fais en réalité fort peu, mais ce n'est pas la question), je continuerai à faire connaître et à promouvoir les outils d'échange et de partage, en particulier les logiciels de P2P qui sont des outils indispensables pour distribuer quantité de logiciels libres et d'art libre sans recourir à une infrastructure de serveurs et de bande passante lourde et couteuse, je continuerai aussi d'utiliser (j'utiliserai même d'autant plus !) tous les outils nécessaires à la protection de ma vie privée comme à mon droit légitime d'utiliser honnêtement les produits (culturels ou non) que j'achèterai, je m'en vais d'ailleurs de ce pas étudier avec sérieux tous les moyens utiles et nécessaires pour me défaire des entraves à ces droits légitimes que sont les DRM, surtout ceux qui voudraient infecter mes machines.
Je ne suis pas suicidaire et j'éviterai donc autant que possible de tomber sous le coup de cette loi en accomplissant tous ces actes de civisme et de citoyenneté (pardonnez les grands mots mais je les pense sincèrement), cette loi injuste ne me laisse donc pas d'autre choix que de prendre le maquis. Maquis numérique ou symbolique, mais maquis tout de même.

Vous, messieurs les députés CARAYON et CAZENAVE, affirmez avoir voté cette loi pour ne pas laisser passer les avancées en matière d'obligation d'interopérabilité et de reconnaissance du logiciel libre.
Comprenez-vous que, selon la même logique, je suis (nous sommes ?) obligé de refuser cette loi pour ne pas laisser passer les reculs qu'elle impose sur l'accès à la culture, la liberté individuelle, la diffusion et la promotion des magnifiques technologies que sont les logiciels de P2P et les technologies d'échange et de partage en général, ...

De plus, les promesses d'interopérabilité et de défense (et même promotion) du logiciel libre ne sont que des promesses, et comme toutes les promesses elles n'engagent que ceux qui les écoutent (les réactions caricaturales d'Apple et du gouvernement US, ainsi que le respect notoire par Microsoft des injonctions européennes en sont une bonne illustration).
A contrario, toutes les restrictions et interdictions imposées par cette loi engagent tous ceux qui les subiront, qu'ils les écoutent ou pas !

Ma question est fort simple : comment dissuader les français comme moi de prendre le maquis et d'entrer en désobéissance civile, sans les mettre par milliers (dizaines de milliers ? Centaines de milliers ? ...) à l'amende ou en prison.
Comment empêcher que cette loi soit promulguée et entre en application, c'est toute ma question.
birin

Messages : 600
Géo : Gironde

Mar 28 Mars, 2006 15:20

birin a écrit:sans les mettre par milliers (dizaines de milliers ? Centaines de milliers ? ...) à l'amende ou en prison.
Comment empêcher que cette loi soit promulguée et entre en application, c'est toute ma question.


Voire même par millions...

Robil (auteur du post 'Loi du plus fort...Comme toujours')
Robil

Mar 28 Mars, 2006 16:46

Donc cette loi autoriserai un certain nb de copies aux posseseurs legitime de l'oeuvre.

Qu'en est til pour les occasions.

Que se passe t'il si j'echange avec mon frere ou un amis des cd. Du troc par exemple. Le posseseur legal change donc le nombre de copies doit etre remis à zeros?
Bourgpat

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