AntoineP a écrit:Sdj a écrit:La régulation, c'est le boulot des politiques et il en faut et il y en aura toujours et partout, dans l'internet comme ailleurs. Et d'ailleurs, ceux qui politisent l'internet en très grande partie, ceux qui régulent donc aussi, c'est nous, nous tous, dans les forums, les blogs, les sites, etc., rappelons le.
Donc, c'est contradictoire. Si c'est nous qui régulons, ce n'est pas le
boulot des politiques, et heureusement d'ailleurs.
Les politiques se foutent un peu de notre tronche : ils prennent prétexte d'une soi-disant nécessité de "réguler" (
mot extrêmement flou et que personne ici ne serait capable de définir précisément) et essaient de nous faire croire que cela implique la création d'un gouvernement (ou, variante moderne, d'une "gouvernance", c'est-à-dire d'une
collusion de gros acteurs qui imposent leurs règles par le caractère pratiquement incontournable des services qu'ils offrent (*)).
(*) un tel exemple de "gouvernance" se trouve dans les chartes de coopération entre FAI et industrie culturelle pour lutter contre le "piratage"
Tout ça, c'est évidemment du foin : la loi actuelle s'applique déjà à l'Internet (les délits de presse, l'interdiction des appels à la haine, etc.). Aucun dispositif juridique supplémentaire n'est nécessaire. Des coopérations inter-Etat peuvent être nécessaires, mais cela n'a rien à voir avec une quelconque "régulation", encore moins avec des législations et décrets supplémentaires. Pas plus que quand on demande une extradition à un pays voisin pour juger un suspect.
comment se définit le contrôle et les règles de la régulation, avec quels outils, selon quels équilibres, quels chartes, qui prend les décisions et selon quelles logiques, sur quelles valeurs décide-t-on d'interdire ou non des sites.
Les chartes, on s'en branle ! A-t-on besoin de chartes pour s'exprimer dans la rue, dans les réunions d'association, dans les cafés, pour s'envoyer des missives, pour réguler les conversations téléphoniques et les vidéoconférences ? Serions-nous des sauvages qui avons besoin d'une bien-pensance officielle (certifiée par des acteurs responsables et reconnus (tm)), d'un code des bonnes manières et de surveillants assermentés pour le faire appliquer ?
Ce n'est pas parce qu'un espace est (en vertu) politique qu'il doit être
contrôlé par les politiques ! Au contraire !
Aïe, cela faisait un petit bout de temps que je n'étais pas venu, mais là, c'est sacrément salé.
AntoineP a écrit:Sdj a écrit:La régulation, c'est le boulot des politiques et il en faut et il y en aura toujours et partout, dans l'internet comme ailleurs. Et d'ailleurs, ceux qui politisent l'internet en très grande partie, ceux qui régulent donc aussi, c'est nous, nous tous, dans les forums, les blogs, les sites, etc., rappelons le.
Donc, c'est contradictoire. Si c'est nous qui régulons, ce n'est pas le
boulot des politiques, et heureusement d'ailleurs.
Il n'y a aucune contradiction, seulement une différence de niveau d'action. Le boulot des politiques est, en (grande) partie, la régulation, qu'on le veuille ou non, d'une manière ou d'une autre et le contrôle lui est consubstantiel - là aussi, qu'on le veuille ou non (maintenant, libre à nous de réveiller certaines idéologies visant l'anéantissement de l'Etat, elles existent encore). Ca ne veut pas dire qu'on ne puisse pas être extrêmement critique (dans ton cas, c'est quasi un modèle) sur la manière dont s'effectue cette régulation ou sur le degré de contrôle effectué par la puissance publique (et là je ne parle qu'à l'échelle d'un pays) ou tout autre autorité de régulation. Alors oui, nous régulons, chacun de notre côté, en accord avec une certaine "charte" ou éthique (je reprends ici la phrase d'accueil du thème "Annonces officielles" des forums de Framasoft : "Ce forum est destiné à contenir tous les messages officiels, notamment
la charte d'utilisation des forums") qui peut, ou ne peut ne pas, être totalement ou partiellement en accord avec d'autres élaborées à d'autres échelles d'intervention (i.e. les textes de loi concernant la vie privée des internautes, etc.). Généralement, elles suivent. Donc il y a de la régulation, partout et toujours - et j'aurais du ajouter - à tous les niveaux et avec plus ou moins de pression et de volonté.
AntoineP a écrit:Les politiques se foutent un peu de notre tronche : ils prennent prétexte d'une soi-disant nécessité de "réguler" (mot extrêmement flou et que personne ici ne serait capable de définir précisément) et essaient de nous faire croire que cela implique la création d'un gouvernement (ou, variante moderne, d'une "gouvernance", c'est-à-dire d'une collusion de gros acteurs qui imposent leurs règles par le caractère pratiquement incontournable des services qu'ils offrent (*)).
(*) un tel exemple de "gouvernance" se trouve dans les chartes de coopération entre FAI et industrie culturelle pour lutter contre le "piratage"
Aïe, je me méfies de ce genre d'entrée en matière : "les politiques se foutent un peu de notre tronche". C'est rapide, déjà entendu et çà n'explique rien. La nécessité de réguler est, comme l'expression laisse le supposer, ce qui ne peut pas ne pas être, que cela soit pour Internet ou pour tout autre chose. Et comme je l'ai dit ci-dessus, tout un chacun régule et s'auto-régule, mais qu'il existe une différence de niveau d'action. Je donne pouvoir (par la représentation, notamment, et dans une certaine idée de ce qu'elle est ou devrait être) à d'autres pour réguler (jusqu'à l'interdiction totale) ce que je ne peux pas faire moi-même et que je considère comme difficilement acceptable du point de vue morale ou éthique (pédophilie, par exemple). Ca, c'est simpliste, dans les faits, c'est nettement plus compliqué surtout en période de crise de la représentation (d'où la relative modernité de la gouvernance) et de raffermissement du caractère autoritaire du pouvoir.
Le mot réguler (ou celui de régulation) n'est pas flou. Tout bon dictionnaire donne une très bonne définition. La régulation, c'est le processus qui mène à ce qu'il n'y ait pas de grain de sable dans le fonctionnement d'un organisme, d'un système, d'une société, d'un marché. Donc, rien de bien sorcier là-dedans. Là où çà se complique, c'est sur la question de savoir qui régule, comment et selon quelles logiques. D'où mon propos dans mon post précédent et qui appuyait sur la nécessité : "d'identifier comment et qui l'investit, au niveau national comme international, comment se définit le contrôle et les règles de la régulation, avec quels outils, selon quels équilibres, quels chartes, qui prend les décisions et selon quelles logiques, sur quelles valeurs décide-t-on d'interdire ou non des sites". Et ceci à tous les niveaux : qui régule les forums de Framasoft, au nom de quoi, selon quelles logiques, quelle éthique... jusqu'au niveau le plus élevé : l'international et les machines régulatrices que sont l'ICANN, par exemple.
Sur la gouvernance, je pense qu'il est nécessaire pour toi, AntoineP, de te renseigner, de faire quelques lectures à propos, afin de ne pas amalgamer "gouvernance" avec oligopole. La gouvernance n'est pas, au fondement, une collusion de gros acteurs, elle est une pratique d'exercice du pouvoir (qui vient en quasi parfaite adéquation avec la régulation) qui dépasse le schéma maintenant classique Puissance Publique (qui régit tout)/Administré (qui est régi par), si l'on s'en tient à cet exemple. Qu'est-ce que cela veut dire ? Que l'exercice du pouvoir n'est plus seulement entre les mains des représentants ou de leurs fondés de pouvoir, mais que tout un chacun, dans la mesure de ses possibilités et de ses capacités à (c'est là que le tout un chacun doit être politique, à mon sens), est en droit d'y participer, de contrôler, de s'opposer, etc. Ce qui veut tout bonnement dire que la gestion, notamment des affaires publiques ou des choses publiques (internet en est une, à mon avis), ne se limite plus au seul cadre restreint d'une poignée de technocrates, mais que ces derniers doivent maintenant composer, selon des formes variables, avec d'autres forces ayant reconnaissance de compétences (associations de quartier, ONG, corporations en tout genre, actionnaires, etc.) dans la façon de mener une politique, de décider d'une action, etc. Bref, la gouvernance, c'est ce que les gauchistes ont appelé de leurs voeux depuis des lustres, i.e. avoir la possibilité de se gouverner soi-même et/ou avec les autres sans l'injonction d'une puissance quelle qu'elle soit.
En gros, t'as rien compris à mon message : évidemment que non je n'aspire pas à plus de politique dans un objet déjà très politisé... mais quand je dis cela, je n'entends pas le politique comme à ta manière, et heureusement, car sinon, je serais encore sur des espéces de schémas moyen-âgeux du politique. Quand je dis qu'il y a de la régulation, qu'il faut de la régulation, j'entends que chacun de nous, parce que nous sommes politiques, devons nous engager, participer, faire en sorte que la gouvernance, celle de l'internet comme celle d'autres choses publiques, ne se fasse pas sans nous.
Les chartes, on s'en branle ! A-t-on besoin de chartes pour s'exprimer dans la rue, dans les réunions d'association, dans les cafés, pour s'envoyer des missives, pour réguler les conversations téléphoniques et les vidéoconférences ? Serions-nous des sauvages qui avons besoin d'une bien-pensance officielle (certifiée par des acteurs responsables et reconnus (tm)), d'un code des bonnes manières et de surveillants assermentés pour le faire appliquer ?
Ce n'est pas parce qu'un espace est (en vertu) politique qu'il doit être contrôlé par les politiques ! Au contraire !
Si çà te fait du bien : )
Mais je ne vois pas le rapport avec ce que je dis. Je ne vois pas non plus la raison de cet énervement de... Avec toi, c'est quand même à fond Naïve Land
Une charte : çà fricote avec l'éthique, çà joue sur les comportements, çà permet la régulation et l'auto-régulation, çà fait en sorte qu'il n'y ait pas le tiers-flicaillon derrière chaque forum pour voir si... Bref, je trouve cela plutôt sympathique une charte et que l'on soit en droit d'en élaborer, d'y participer aussi, comme un "tout un chacun politique", je n'y vois que du bon.
Sur ce, je te(vous) serre une pogne
Sdj
PS : en direction de decma : ne soit pas désolé de ton discours réac néo-poujadiste, mais que tu en aies peur me semble être une meilleure réaction. Que tu n'aies plus confiance dans les hommes politiques, soit, mais que tu abandonnes ta dimension politique, là, c'est grave. Je n'ai pas tenu de discours "idéal" sur une quelconque harmonie entre gouvernants et gouvernés, bien au contraire, je m'installe justement dans une position qui privilégie la dimension politique individuelle et collective dans une situation où tout un chacun peut pleinement en jouer et faire en sorte qu'elle soit performante. Alors mille excuses si je n'ai pas été plus explicite dans mon post précédent, mais je crois vraiment qu'il serait bon de sortir une bonne fois pour toute d'une vision vraiment trop ancienne du politique. Le politique, c'est toi comme moi, comme nous. Les hommes politiques, cela fait belle lurette qu'il n'y en a plus.