Internet est-il réellement moteur de la contestation ?

[JosephK]

Ce matin, je me suis réveillé de mauvaise humeur à cause de ça (s'il n'y avais que moi, je n'écouterais pas France Inter le matin) :



En résumé : internet n'est qu'un outil, accélérateur des communications certes mais aussi amplificateur de choses moins bonnes (et vas-y que je te sers un petit couplet sur le néo-nazisme et la pédopornographie... ah tiens on ne parle pas du piratage ? )

Rien à faire de l'importance de l'anonymat qui permet de contourner les atteintes à la liberté d'expression, de l'égalité entre tous du point de vue de la diffusion et de l'accès à l'information (par opposition à la radio et à la télé, principaux instruments du pouvoir (économique ou politique), dont la diffusion est verticale) et de la nature structurelle du réseau qui ne permet pas de le censurer/couper aussi facilement...

J'ai l'impression qu'en ce moment de plus en plus de médias tentent de minimiser l'impact d'internet sur les mouvements politiques dans le monde...
Est-ce qu'il y a un complot (aller... je tends la perche à ceux qui voient des constipationnistes partout) ou c'est juste un sujet à la mode pour les journalistes qui sentent que leur boulot (sans sa forme actuelle) est de plus en plus menacé.

[versleouest]

Je n'en sais rien.

Mais les politiciens et leurs maîtres dans la finance, -et bien les journalistes et les leurs dans la politique-, doivent se rendre compte que ce n'est pas forcement eux qui créent les opinions ni seulement eux qui prennent des décisions. Pour presser la dernière goutte d'une société qui est au début d'une transition définitive, il faut lui administrer des sédatifs de toute sorte. Alors, s'il y a vraiment la volonté de minimiser l'impact d'internet, c'est peu probable que ce que tu perçois soit la seule ou la dernière manifestation et que l'internet la seule victime.

Il y a les mêmes effets dans les autres médias, mais il faut avouer, que la où ils sont déjà assez débiles, ils n'ont plus besoin d'une véritables minimisation.

Je ne peux plus corriger mes fautes d'Outre Rhin, ni les gonfler (ou minimiser) pendant quelques semaines. Bon courage !

[Lolo le 13]

On a comme l'impression que le monsieur n'a pas encore regardé une conférence de Benjamin Bayart ou de Serge Soudoplatoff sur les conséquences de l’avènement et de l'utilisation de masse d'Internet.

Les choses principales que permet Internet sont la suppression des intermédiaires, l'augmentation ultime de la portée du discours et un nouvel étage de connaissances.

Hier, on devait être représenté par un journaliste, un commerçant, un élu ou un "sachant" pour avoir accès à un pouvoir qui nous était soit inaccessible, soit pris de grès ou de force. Internet permet aujourd'hui sans trop de difficulté de retrouver son propre pouvoir d'expression, d'achat au producteur, d'action coopérative ou de savoir.

Ensuite, nous avons la possibilité d'être au courant de ce qu'il se passe à l'autre bout du globe instantanément. Cela nous fait prendre conscience que nous sommes tous sur la même planète. Là où au moyen-age on avait conscience que de sa famille et de son village, au fur et à mesure des développements des moyens de communications depuis la malposte jusqu'au téléphone en passant par les imprimeries, nous n'avons fait qu'augmenter cette conscience et donc d'élargir du village, à la conté, à la région, au royaume, au pays cette conscience.
Nous montons donc aujourd'hui une nouvelle marche où les organisations plus ou moins anarchistes de citoyens se hissent au même niveau que l'ONU sans le besoin de représentation une fois de plus.

Enfin, je reprendrai Serge Soudoplatoff avec sa notion d'échelles des savoirs.
Avant, le public était informé par une source rare (journaux, mass media, ...). La diffusion était large, mais il n'y avait pas plus d'une dizaine de discours différents.
Aujourd'hui non seulement tout lecteur a la possibilité de devenir rédacteur et éditeur de son propre blog, mais il peut aussi interagir avec les autres non seulement sur ses commentaires mais encore avec un plus grand nombre de personnes sur les forums.

Avant, le quidam savait à travers les médias, aujourd'hui non seulement le quidam sait à travers Internet plus vite qu'à travers les autres médias, mais il a la possibilité de savoir que les autres savent la même chose que lui.
Aujourd'hui, si le roi est nu, il n'est plus possible de faire croire que les autres pensent qu'il ne l'est pas.

Mais nous n'en sommes qu'au début de cette transition.
La grande majorité des internautes n'a pas encore passé le stade de "râleur" au mieux (cf: Dis maman, c'est quoi un internaute B. Bayart). Le stade suivant demande de se faire une éducation supplémentaire non seulement à l'expression des idées, mais aussi au fait qu'il n'est pas honteux de reconnaitre qu'on a tort.

En conclusion, si on suit le fil de l'évolution, les services et les média resteront et évolueront encore, mais comme il y a eu un changement entre avant et après la presse, il y aura un changement entre avant et après Internet.