Ça y est, le compte-rendu du chat est retranscrit sur
01.net.
Et on a pu y lire des choses intéressantes.
1- Sur l'illégalité de Deezer :
Deezer commence à reconnaître que son service n'est peut-être pas aussi légal qu'il le prétend.
Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à le voir clamer haut et fort que son service est illégal, puisque la légalité est son argument de vente. Mais on commence à distinguer malgré tout entre les lignes un soupçon d'aveu de la part de Deezer.
En effet, l'équipe de Deezer a écrit lors de ce chat qu'ils essayaient de
légaliser leur service, ce qui confirme donc qu'il n'est pas encore légal, qu'ils négocient pour qu'il le devienne, et que ces négociations n'ont pas encore abouties puisque ils sont toujours "en pourparlers".
C'est conforme avec ce que déclaraient très récemment
Universal et la SPPF.
En revanche, ça ne l'était ni avec la campagne de communication de Deezer, qui prétendait être déjà légal et
rémunérer les maisons de disques, ni avec les déclarations des fondateurs du site qui continuaient à affirmer sans hésitation que "
Deezer est légal", messages qu'ils ont supprimés par la suite.
À présent les choses sont plus claires, et quoi qu'ils puissent en penser, je souhaite sincèrement à Deezer que ses négociations aboutissent et qu'il devienne légal prochainement.
2- Sur la légalité du téléchargement d'un morceau diffusé par Deezer :
Sur ce point, pas de progrès.
À la question "Est-il illégal de réaliser une copie privée d'un morceau diffusé par Deezer ?", Deezer a répondu lors du chat que "la copie privée des morceaux diffusés par Deezer est un
acte de piratage".
L'argument n'est pas nouveau, c'est déjà ce qu'ils avaient déclaré
sur leur forum.
En revanche, lorsque l'on cherche à aller au delà de cette pétition de principe et que l'on demande quelle disposition juridique précise serait violée, Deezer semble dans
l'incapacité de répondre et préfère
bannir ceux qui posent cette question apparemment trop irrévérencieuse (je ne compte plus mes bannissements et messages effacés sur leur forum ;-).
C'est qu'en effet, la réponse n'est pas aussi évidente qu'ils le voudraient. Comme expliqué dans
ce message, le fait de récupérer un morceau diffusé par Deezer pourrait rentrer dans le cadre légal de la copie privée.
En tout état de cause, comme le principe est celui de la présomption d'innocence, c'est à l'accusation de démontrer qu'un tel comportement serait illégal.
À l'heure actuelle, une telle démonstration fait défaut.
3- Sur la légalité de l'enregistrement des adresses IP par Deezer :
Là non plus, pas de progrès, Deezer campe sur ses positions.
À la question "La Cnil a déclaré illégal l'enregistrement d'adresses IP que vous faites. Comptez-vous vous mettre en règle ? ", Deezer répond : "Toute attaque contre Deezer est une violation, donc nous bloquerons les adresses IP trop agressives mais nous sommes en règle vis-à-vis de la Cnil."
Ce n'est pas ce que déclarait la Cnil et là encore, des messages sur ce sujet
disparaissent mystérieusement du forum de Deezer.
4- Sur l'origine légale du catalogue de Deezer :
Un débat intéressant lu sur le forum
ubuntu-fr.org
Pour mémoire, Deezer revendiquait dès le lancement de son service un catalogue de 200 000 titres.
On se doute bien qu'une telle quantité n'a pas été atteinte par la seule discothèque personnelle de ses fondateurs. Dès lors, d'où viennent ces titres ?
Le questionnement est renforcé par la présence de milliers de fichiers rbs, format créé par son précurseur Radioblog, qui ont été
vus sur les serveurs de Deezer pendant sa maintenance.
Se pourrait-il alors que Deezer ait utilisé pour partie le catalogue de Radioblog pour constituer le sien ? Cela ne manquerait pas de piquant de le voir ensuite s'opposer à la copie privée...
Quelques éléments de réponse :
- dans une interview donnée à
zdnet, l'un des co-fondateurs de Deezer reconnaît avoir constitué sa base de données à partir de fichiers trouvés sur la toile, notamment ceux de Radioblog :
Blogmusik permet d’accéder, via un simple navigateur Web, à un player intégré à une page Web qui reproduit le look and feel du baladeur iPod et se double d’un moteur de recherche indexant une multitude de fichiers musicaux disséminés sur le Web.
« J’indexe simplement les fichiers MP3 ou RDS (format RadioBlog) que l’on peut trouver sur Internet, par l’intermédiaire de sources comme les agrégateurs de blogs MP3 ou comme RadioBlogClub, que des petits robots visitent régulièrement », expliquait il y a quelques mois Daniel Marhely.
- À la question des "sources douteuses" de ses fichiers, Deezer a répondu lors du chat : "L'origine des fichiers nous n'en avons pas le contrôle. La seule chose que nous pouvons vous dire, c'est qu'un fichier disponible sur Deezer est identifié et donne donc droit automatiquement à rémunération, c'est quand même formidable."
Deezer répond donc en visant le cas où les fichiers présents sur son site sont uploadés par ses utilisateurs.
Mais même si ce système de mise à contribution des internautes avait été mis en place avant le lancement officiel de Deezer (en toute illégalité), cela n'explique pas la présence de ces milliers de fichiers
rbs sur leur site, l'upload se faisant uniquement au format mp3.
- Interrogé sur ce point,
Benoit Tersiguel (responsable de Radio.blog.club) déclare avoir mis deux ans à constituer une base de données de 300 000 morceaux, s'étonnant de la constitution fulgurante du catalogue de Deezer, surtout si leur taux d'identification des morceaux uploadés n'est que de
50 à 60% comme l'affirme un responsable du site.
Benoit Tersiguel conclut non sans humour sur l'utilisation de ces morceaux :
Aujourd'hui Deezer vous rappelle "que cette pratique est interdite et
répréhensible par la loi.". Ironique non ?
À ce jour, Deezer n'a pas donné d'explications sur l'origine de ses 200 000 titres de lancement.
Affaire à suivre...