mcguffin a écrit:Donc, non la durée des droits d'auteurs n'est pas trop longue tant qu'il
y a un max de brouzoufs a se faire... et que l'on a les moyens de faire
du lobbying bien sur
Ca pourrait être pas mal de fonder les raisonnements non pas sur les quelques grands groupes qui gèrent des droits pharaoniques, mais plutôt sur les milliers de petits auteurs/artistes, pour qui les droits d'auteurs sont, en pratique, l'unique ressource une fois devenu un peu trop vieux pour exercer.
Il n'est pas rare de voir des familles sombrer dans la misère lorsque les revenus du foyer sont uniquement basés sur des activités artistiques, une fois ces dernières arrêtées (décès ou autre problèmes).
Donc le cynisme ok, mais il faut raison garder
En France, la duree est de 70 ans
apres la mort de l'auteur (en c'est en general entre 50 et 70 ans selon les pays),
c'est-a-dire que une ou deux, voire trois, generations de ses descendants peuvent aussi en profiter. Ces derniers possedent aussi un droit moral perpetuel sur l'oeuvre (il peut par exemple s'opposer a une representation/interpretation d'une oeuvre qu'il considere comme insultante pour celle-ci, ...).
Maintenant, cela ne me gene pas que cela profite aux familles en tant que complement a une rente et une retraite (je ne sais pas quels sont les regimes possibles pour un artiste pour avoir une rente ou une retraite, mais je veux bien croire que ce ne soit pas la joie),
et je ne critique pas la notion de droits d'auteurs.
Mais la ou les choses se corsent c'est
1) combien d'oeuvres nouvelles (livres, disques, ...) paraissent chaque annee et combien sont encore disponibles les annees suivantes ? Autrement dit, quelle est la proportion d'artistes qui touchent durant leur vieillesse des revenus
substantiels de leur productions artistiques passees ? Lorsqu'un livre est mis au pilon, et ca arrive de plus en plus, c'en est fini des droits d'auteur. Et ce n'est certes
pas DADSVI et la tendance dominante qui tend a transformer les biens culturels en bien a consommer immediatement puis a jeter et
oublier (l'exception sur les bibliotheques et passe avec peine, c'est dire si la survivance des oeuvres dans le temps est la cadet
des soucis de nos deputes). Encore plus que precedemment, quelques artistes vont gagner le gros lot alors que les autres n'auront d'autres choix que de ne jamais s'arreter de produire en esperant realiser un gros coup un jour ou l'autre
("je m'voyais deja en haut de l'affiche...").
2) la prolongation des droits d'auteurs aux USA aura sans doute plus beneficie a l'empire Disney qu'a la famille Disney (et quoi qu'il arrive, cette derniere a du de toute facon gagne assez d'argent pour pouvoir en faire bon usage ailleurs. Je ne m'inquiete pas pour elle).
Et en permettant a quelques grosses compagnies de controler la diffusion (car si les DRM se generalisent, il faudra que les artistes passent par elles pour etre diffuses) et de poser leurs conditions, je ne suis pas sur que les auteurs/artistes et leurs familles y
gagnent beaucoup. Par contre, ces compagnies auront tout interet a rallonger au maximum la duree des droits d'auteur pour
pouvoir beneficier d'un effet de rente sur les oeuvres qui marchent, au lieu de chercher a se renouveller. Enfin, je veux bien
croire que pour une compagnies comme Disney dont le petit Mickey est l'image emblematique, le passage de ce dernier
dans le domaine public soit percu comme une catastrophe, meme si elle a des activites assez diversifiees pour y survivre
(a ce sujet, lire "La souris aux dents longuers" de Carl Hiaasen).
Je n'ai pas de solution a proposer, mais la question de la renumeration des artiste releve d'un vrai debat,
a poser lorsqu'il est encore temps.