Téthis a écrit:Tu parles bien de faire une histoire écrite, n'est-ce pas ?
Oui mais pas seulement... c'est une méthode d'apprentissage avant tout.
Bon je vais détailler un peu plus pour que tu vois où ça coince (rétro-ingénierie de LPDA) :
C'est une histoire qui porte sur les lettres de l'alphabet et surtout qui inclus les mécanismes de l'apprentissage de la lecture (l'histoire c'est une prétexte au jeu). D'abord impossible de parler d'
alphas et de
bétas puisque c'est déjà pris. A priori toute tentative découpage du mot alphabet est risquée...
Ensuite, il faut distinguer deux groupes (sur LPDA ce sont des "familles") les voyelles et les consonnes.
Les voyelles peuvent être désignées par la lettre puisqu'on peu les prononcer telle quelle, sauf le Y qui est à part et le e est particulier aussi puisque parfois il se prononce /ɛ/, /e/, /ø/, /œ/ (que LPDA résume à /e/ et /ø/) ou alors il est muet.
Donc les voyelles se prononcent telles quelles contrairement aux consonnes qui ont besoin d'un appui : au moins une voyelle mais on rentre déjà trop dans le détail donc un mot va servir à les illustrer.
Maintenant A tout seul qu'est que ça exprime en onomatopée : le rire (ah ah ah), la douleur éventuellement (Aaaaaaah)... donc le A sera probablement un personnage qui rit. Pour le distinguer du O il a une canne à l'envers lorsqu'on écrit en attaché (c'est pour des CP je rappelle) C'est un attribut de la lettre mais c'est une attribut qui fait aussi partie des bizarrerie du personnage et la raison de son rire permanent. (Pour l'écriture le a s'écrit
comme ça en France)
Le O exprime l'étonnement (Ooooh ouvert), la déception (Ooooh fermé), le père Noël (Oh oh oh). Les deux premiers sont déjà pris...
Le U, quand dit-on U : sur un cheval... (c'est pris)
Le I : hi hi hi (rire, c'est pris) ; hi hi hi (Psychose)
Bref, on voit déjà que le terrain est bien miné. Comme le but c'est de prendre des référentiels suffisamment proches des enfants on ira pas inventer un son dans un contexte inapproprié : exemple dans une rampe de skate en forme de U un skater dirait hue à chaque fois qu'il décolle. Ça n'a aucun sens... Le "bien commun" culturellement parlant ici c'est de dire hue pour faire avancer un cheval. Alors oui on peut changer l'histoire mettre un monsieur U au lieu d'une mademoiselle U. Ça signifie qu'il faudra permuter pour chaque... mais c'est un peu gros quand même

Après il y a effectivement des lettres pour lesquelles il y a une réelle invention : Madame E est une voyante qui dit É quand elle sait répondre à la question, E quand elle hésite et qui est muet quand elle ne sais pas. Cette trouvaille là, c'est dommage qu'ils ne la partagent pas mais ça ne touche pas au bien commun.
Pour les consonnes c'est plus facile mais c'est tout aussi miné. Il y a des personnages qui sont complètement sortis de nulle part comme le Zébuli, la Gudule, etc donc là ok ce n'est pas miné mais pour le reste...
Après tu parles de 28 lettres graphiquement peut-être mais phonétiquement il y a des associations à faire comme le ch (un chat), le gn, etc. C'est une approche globale, on demande à l'élève de ne pas voir un c (cornichon) et un h (hutte) (méthode syllabique inapproprié ici) mais un chat. On pourrait y mettre un chien mais "ien" c'est pas forcément facile à dire pour un petit en difficulté qui sort de la maternelle. cha - che - chi - cho - chu ? Chat - Ché - Chie - Chaud - Chute > Bon ben "Chat" alors...
Idem les formules magiques pour sauver le M (Monstre) cité plus haut c'est une approche globale et c'est important de mettre du relief sur ces mots. Donc sans utiliser de "formule magique" comment faire ? Quand est-ce qu'on répète une série de mot sans rapports entre eux (ou dont on ne connait pas encore la relation) si ce n'est dans le cas d'une formule magique ?
De la même manière dans la vidéo on utilise l'association entre a, èm et i pour faire "ami" là on est dans la méthode syllabique. La "magie" ici qui s'opère grâce à l'interaction des personnage est aussi un "bien commun".
L'utilisation de personnages permet au enfants de distinguer chaque lettre très précisément, de se les approprier puisque chacune à sa particularité (j'avais vu un reportage une fois sur une autre méthode où on se servait de grosses lettres décorées de plusieurs objets ça permettait de faire intervenir le toucher, l'odorat, en plus des autres sens pour mémoriser l'alphabet).
Et quand il faut passer à la lecture à proprement parler, quand les lettres se cachent dans les livres, ce ne sont plus des personnages : elles sont toutes nues. Ça c'est encore un élément qui relève du bien commun.
Bref, il y a des ressorts pédagogiques en arrière-plan de l'histoire qui sont incontournables. Ce qui fait qu'au mieux on pourrait peut-être avoir 40% d'apport réellement différent de LPDA.
Les 60% qui pourraient bloquer obligerait à se creuser beaucoup plus la tête qu'ils n'ont eu à le faire pour contourner leur propriété intellectuelle.
Ça me fait penser à la manière dont on privatise la santé au Niger : on oblige les gens à avoir 4000F en poche au cas où ils devraient aller à l'hôpital pour qu'on puisse rapidement payer l'entrée, parce qu'avant de rencontrer un médecin ou une infirmière on rencontre d'abord les gendarmes et les comptables de l'administration hospitalière. En théorie, la santé reste un droit, reste publique mais en pratique, il y a une étape à franchir avant.
Bref, si tu veux élaborer une méthode d'apprentissage de la lecture sur une approche ludique, c'est à dire fournir un accès à l'éducation et au langage, il faut d'abord passer la barrière juridique (et si tu veux juste enseigner avec cette méthode il y a déjà la barrière financière).
Et ce qui est d'autant plus rageant avec la méthode LPDA c'est qu'il te font payer l'immatériel (le conte, les personnages, l'idée) mais aussi le matériel (les figurines, les ardoises magnétiques) c'est bien qu'ils ont compris qu'il y avait un besoin réel de passer par les produits dérivés/jouets pour que ça passe mieux au près des enfants. Le modèle économique est déjà bien pensé et ça pourrait parfaitement être du copyleft mais l'avantage avec le copyright c'est qu'on peut racketter (du coup, faut pas s'étonner que les enseignants "pirates" la méthode).
[Goutte d'eau]Il y a un CD qui contient la police d'écriture des alphas : compatible PC et Mac mais pas Linux. Tu me diras mais comment c'est possible puisque une police d'écriture c'est un fichier .ttf et ça passe partout. Et non, la police d'écriture selon LPDA c'est une animation flash sur un CD-ROM qui fait office de traitement de texte sur laquelle il est seulement possible d'imprimer.
Heureusement quelqu'un a eu la bonne idée de reprendre l'alphabet pour le mettre en
.ttf utilisable sur OOo4kids par exemple mais ce n'est pas légal.[/Goutte d'eau]