OggiWan a écrit:Tous les utilisateurs d'un traitement de texte (vous, moi, les secrétaires qui nous abreuvent de courriers adressés à Mr. X ou Y) ont-ils des compétences en typographie générale ou en "orthotypographie" ? Est-ce parce que les élèves ne maîtrisent pas l'orthographe qu'on ne peut leur en apprendre les fondements ?
Je suis désolé, mais je vais dévier légèrement et tenter de mieux exprimer mon point de vue (qui est un point de vue général) avant que l'on soit en plein malentendu.
Commençons par le début, puisque c'est là que nous sommes d'accord : la formation des enseignants devrait (aurait dû) avoir lieu avant que l'on nous demande d'évaluer tout et n'importe quoi. Et même, on aurait pu imaginer que les modalités de cette nouvelle mission soit discutée avec les enseignants...
C'est bien beau de parler de décloisonnement et compagnie, mais quand pendant mon cours d'anglais je « m'arrête » pour l'étape de la « pause réflexive sur la langue » il m'arrive d'aborder la différence d'orthographe entre theatre et « théâtre », plus subtile encore celle entre literature et « littérature », ou encore le Mr et le « M. » dont tu parlais. Pour autant, je ne suis pas prof de Lettres, et ce n'est pas un cours de français. Je dirais même : ce n'est qu'une parenthèse que je referme dès que le travail de double discrimination (visuelle et auditive) a été faite.
De même, lorsque je rappelle (!) le sens du pro- de « pronom », je ne me transforme pas en prof de latin. J'utilise ce dont j'ai besoin pour expliquer le mot et ce qu'il fait. Point.
Mon propos est qu'il en va de même pour ce que l'on nous demande de faire pour le B2I, à la différence (majeure) que ce que l'on est censé y valider n'est pas considéré comme une discipline à part entière. Or, c'en est bien une. Le métier de typographe est un bien noble métier, qui nécessite une formation et des connaissances que les certifiés et agrégés de l'École française ne sont pas habilités à transmettre. Autrement dit, et ce n'est pas du tout une provocation, accepterait-on qu'un prof d'anglais enseigne et participe à l'évaluation du latin, au même titre que les professeurs de Lettres ? Sans doute pas, et c'est pourtant ce que l'on nous demande tous de faire avec cette soupe regroupant de l'informatique, du droit (il y a des questions sur la propriété et les logiciels, bien sûr sans jamais aborder les logiciels libres), de la typographie, etc. qu'est le B2I.
Reconnaissons déjà qu'il y a différents aspects relevant de différentes disciplines dans ce B2I, et voyons si l'on accepterait que nos disciplines soient ainsi réduites à quelques broutilles transmises à la va-vite par des gens qui n'ont pas les compétences pour le faire. Si déjà des gens qui vont devoir tous les jours écrire à « monsieur machin » écrivent Mr sans que cela ne gêne leur employeur, comment prétendre que ce point sera important à l'école ? Et si ce n'est pas jugé assez important pour être digne d'être enseigné, il faudra se contenter d'enseigner des erreurs ? J'appelle cela du sabotage.
Prenons un exemple simple : sait-on (tu noteras l'emploi de l'impersonnel) que l'alinéa que l'on a fait ajouter ne doit pas être précédé d'une ligne vide séparant le nouveau paragraphe de celui qui le précède (redondance sémantique du point de vue typographique) ? Si la réponse est « non », quelle est la conclusion qui s'impose ?
Je pense que notre priorité doit être de ne pas enseigner des bêtises.
En revanche, un élève qui sait écrire « M. Jourdain » au lieu de « Mr Jourdain » le fera autant sur sa feuille que devant un ordinateur.
OggiWan a écrit:Mais je reconnais que je travaille dans de bonnes conditions
Effectivement, de mon côté je n'ai que des classes à 27/29 dans un collège ZEP où on attend plus de 1500 élèves à la rentrée 2005. Nous avons une salle informatique avec 15 postes, et une deuxième salle de 18 postes est en travaux... Alors quand on me parle de B2I... hum.
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Sebastien
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