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Page 1 sur 151, 2, 3, 4, 5 ... 15 SuivantVote électronique : la polémique enfle

Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Ven 30 Mars, 2007 21:32

Du vote électronique : chronique d'une polémique

Le 22 avril, suite à une décision de Nicolas Sarkozy prise en 2003 quand il était ministre de l'intérieur, des ordinateurs de vote seront utilisés pour la première fois dans une élection présidentielle.

Cette semaine, le Canard Enchainé signalait que, le 22 avril, 1.4 millions de suffrages seraient ainsi exprimés dans 1600 bureaux de vote au travers d'ordinateurs de vote. Pour donner un ordre d'idée, le Canard rappelait que le candidat du PS a été éliminé par le candidat du Front National en 2002 par 194 000 voix.

Des chercheurs en informatique dénoncent depuis longtemps les faiblesses du vote électronique (voir le blog de David Monniaux ou celui de Roberto Di Cosmo ou le rapport de François Pellegrini ou celui de Bernard Lang ou encore ce reportage de itélé où l'on voit un chercheur hollandais démontrer concrètement la faiblesse de des ordinateurs de vote]).

Sur le plan politique, François Bayrou s'est exprimé dans politis du 8 mars : "Il faut refuser cette évolution et suspendre toute utilisation»". Le PS a lui demandé il y a quelques jours un moratoire rejoignant là le PCF et les Verts. Le Monde a consacré un article à la conclusion quelque peu bancale présentant la position du ministère de l'intérieur.

La polémique enfle. Ca sent le recours juridique. Le Conseil Constitutionnel a subito estimé (bonjour M. Debré ;-) qu'il se devait d'intervenir.

Sur ce, Gilles J. Guglielmi (notamment professeur agrégé de droit public à assas) s'est fendu d'un billet ou il rappelle que le communiqué du conseil n'a aucune valeur juridique et que laisser croire, comme le fait le conseil constitutionnel, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes juridiques possibles pourrait bien être qualifié par certains de tentative de désinformation par usage d’un argument d’autorité.


Au feu les pompiers (constitutionnels) ! - A propos du vote électronique

jeudi 29 mars 2007, par Gilles J. Guglielmi
Où la température des puces des "machines à voter" commence à réchauffer le macrocosme.

Le Conseil constitutionnel a cru bon de publier un communiqué laconique le 29 mars 2007 rappelant tout d’abord que "l’utilisation des machines à voter pour les élections, notamment présidentielles, est autorisée par le législateur depuis 1969", ce qui est un fait historique ; et ensuite que "Ce recours aux machines à voter dans les conditions fixées par l’article L. 57-1 du Code électoral a été déclaré conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel", ce qui est au mieux une approximation, au pire une tentative de couper court à un soupçon grandissant sur la transparence et la sincérité des votes qui seront émis en 2007.

(...)

La suite : http://www.guglielmi.fr/spip.php?article71



Edit (4 avril) : Benoît Sibaud, chercheur en informatique et par ailleurs président de l'APRIL a publié [url=http://oumph.free.fr/textes/vote_electronique/formation_vote_electronique.html[/url]un éloquent compte-rendu[/url] de la formation sur les machines à voter qu'il a reçu en tant que citoyen ayant demandé à être président-suppléant et assesseur sur un bureau de vote à Issy-les-Moulineaux. . On y lit notamment :

Sur la fiabilité technique : 1 ordinateur sur 10 qui ne s'initialise pas au premier coup, (au moins) 1 boîtier de contrôle qui ne fonctionne pas pendant une partie du temps, des P.V. imprimés qui varient suivant les machines (caractères affichés correctement ou non). Si les mêmes proportions sont déclinées sur 58 machines dans 40 bureaux, en conditions réelles avec les électeurs, les assesseurs et les présidents auront besoin de calme (aux bips des machines près), patience et sérénité comme disait le formateur... Et les électeurs aussi.

Sur les aspects logiciels : un logiciel mal traduit (messages qui débordent, phrase alambiquée parlant de « résumé » pour « to resume »), mal régionalisé (problème d'impression des caractères accentués) et donc mal testé... Des comportements qui varient suivant les ordinateurs.

Sur l'ergonomie : la confusion entre les boutons ellipse verte et losange vert, la motion « Insérez BIP » avec une grande flèche quand il ne faut pas insérer le BIP, l'écran tactile pour un vote en braille, etc., me laissent dubitatif sur l'ergonomie globale.

Sur le contrôle : pas de contrôle possible, fonctionnement en boîte noire côté matériel et logiciel, journal non contrôlé par le bureau, P.V. ne mentionnant pas les bulletins supprimés, la fonction de recomptage est totalement illusoire, etc. Pas de contrôle pour le citoyen, pas de contrôle pour le président ou les assesseurs (qui ont malgré tout les P.V. à signer).

Entre les soucis techniques, la complexité des opérations et le temps pris par les différentes opérations, beaucoup de participants m'ont semblé inquiets pour le déroulement des élections. Il est clair que le vote électronique par ESS iVotronic n'est pas plus simple pour les membres du bureau de vote.


Gilles J. Gugliemi, le professeur agrégé de droit public auteur du billet déjà cité (Au feu les pompiers (constitutionnels !) a été repris par lemonde.fr. Il a également signalé sur son blog à un lecteur qui souhaitait exprimer son opposition au vote électronique qu'«un mouvement citoyen de grande ampleur pourrait être lancé au moment du vote. Tous les électeurs qui sont obligés à utiliser les ordinateurs de vote dans leur bureau peuvent saisir le président du bureau de vote d’une réclamation. Il en est de même des électeurs qui voteront de manière classique s’ils estiment que leur voix ne doit pas être mélangée, dans les comptages ultérieurs, avec des voix obtenues par un autre procédé, électronique et vulnérable. Ces réclamations sont la première étape d’un recours devant le juge électoral. Si elles sont nombreuses, elles prouveront ipso facto le doute qui pèse sur l’exactitude des opérations électorales. Ce doute disqualifie l’expression de la volonté démocratique.

Le site beta-politique a lui publié un mode d’emploi pour porter plainte contre les machines à voter avant le vote et mode d’emploi pour protester contre les machines à voter le jour du scrutin

Nb:Le site recul-democratique.org liste les villes concernées
Dernière édition par cespern le Ven 04 Mai, 2007 16:12, édité 14 fois au total.
cespern

Messages : 75

Ven 30 Mars, 2007 22:13

:shock:

Arrrrrrrrrrgh !

Orsay et Villebon-sur-Yvette ! C'est pas passé loin ! :?

Peut-on refuser d'utiliser ces machines et exiger de voter "papier" dans son bureau de vote?
"A mon avis chez Microsoft ils sont infiniment plus doués pour faire du fric que pour élaborer des systèmes d'exploitation performants." Linus Torvalds
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mepis
Linux User # 415016
Jess

Messages : 1252
Géo : Palaiseau

Ven 30 Mars, 2007 23:52

Jess a écrit:Peut-on refuser d'utiliser ces machines et exiger de voter "papier" dans son bureau de vote?

Question très pertinente.
Sinon, il suffit de ne pas voter du tout, mais ce n'est pas une solution non plus. :|
Ner0lph

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Messages : 404
Géo : Metz

Sam 31 Mars, 2007 09:16

Il semble qu'un citoyen puisse à tout moment du vote demander à ce que soit contrôlé la sincérité du scrutin auprès du personnel surveillant le scrutin et cela ne pourrait être refusé sous peine d'invalidation. Si chaque électeur demande des phases de test tout au long de la journée, cela risque de prendre un peu plus de temps.
Bourgpat

Messages : 392

Sam 31 Mars, 2007 09:52

Est-ce qu'on a le droit de demander comment ça marche dedans, l'infrastructure pour contrôller les votes ? car moi je suis électronicien/informaticien et j'ai fait des cours de sécurité réseau, je suis censé comprendre le fonctionnement général (si on me répond que non, c'est que sans doute la phase de la Lune a une importance dans le décompte des votes). Au moins un bulletin, tout le monde (au moins les votants) peut le lire, le controller et le vérifier.
FrihD

Messages : 615

Sam 31 Mars, 2007 10:47

Non, les sociétés qui construisent ces machines ne fournissent pas les sources des logiciels utilisés.
Leurs arguments sont du style (vu à la télé) : On peut contrôler que la machine est fiable en insérant 10 votes pour A et 10 votes pour B et en vérifiant que le résultat fournis est exact.
Ce genre d'argument en dit long sur le sérieux de ceux qui vantent les mérites de ces machines.

http://www.recul-democratique.org/
Haddock

Messages : 267

Sam 31 Mars, 2007 11:32

[un peu HS mais important, il y a des similitudes entre les logiciels verrouillés et les démocraties verrouilléesles...]
Au passage le fait que le Conseil Constitutionnel avalise un mode de vote incontrôlable par les citoyens en dit long sur l'état et le rôle de cette institution.
_ Au mieux, il est totalement incompétent (au sens d'inapte) à exercer les fonction pour lesquelles il est censé être compétent (au sens de habilité juridiquement)).
_ Au pire il se rend complice des fraudeurs potentiels ou intentionnels.

Cela illustre les limites de toutes les commissions de "sages", dont la particularité n'est pas tant la sagesse, mais le fait qu'ils sont à l'abri de tout contrôle des citoyens.
Jean-François

Messages : 14

Sam 31 Mars, 2007 11:43

FrihD a écrit:Est-ce qu'on a le droit de demander comment ça marche dedans, l'infrastructure pour contrôller les votes ? car moi je suis électronicien/informaticien et j'ai fait des cours de sécurité réseau, je suis censé comprendre le fonctionnement général (si on me répond que non, c'est que sans doute la phase de la Lune a une importance dans le décompte des votes).
Le fonctionnement de ces boites noires reste et restera sûrement secrèt, c'est l'exemple même de [s]l'insécurité[/s] la sécurité par l'obscurantisme. On poura dire que c'est vachement complexe, mais sûr, et que c'est trop compliqué pour le citoyen lambda. Ou si on explique le fonctionnement ça sera avec un petit dessin représentant l'électeur, une autre la boite noire reliée à un coffre fort qui protège les voix. Bref, une superbe explication qui n'aura qu'un intérêt artistique, et encore.

Les prétendus expert peuvent prétendre, de bonne ou mauvaise foi, ce qu'ils veulent puisque le fonctionnement du système n'est plus accessible à l'électeur "lambda". Et puisqu'on se réfère à l'expertise de quelques uns pour des machines de vote, alors pourquoi ne pas se référer à l'expertise de quelques autres pour choisir un candidat à l'élection.

Bref, il faut respecter le principe KISS (en)/(fr) (Keep It Simple, Stupid ! / Garde ça simple, idiot !).

wikipedia a écrit:The story is told of Thomas Edison putting a newly-degreed engineer to the test by asking him to determine the volume of a very irregular vessel. After several hours, the engineer triumphantly produced his calculations, whereupon Edison simply filled the vessel to the brim with water and proceeded to pour the water from the irregular vessel into a graduated container


[trad. rapide]On raconte l'histoire de Thomas Edison qui mit au défi un ingénieur fraichement promu en lui demandant de déterminer le volume d'un vase très irrégulier. Après plusieurs heures l'ingénieur montra triomphant ses calculs, sur-ce Edison rempli simplement à ras bord le vase avec de l'eau et versa cette eau dans un récipient gradué.[/trad.]

No comment.
Dernière édition par Téthis le Sam 31 Mars, 2007 12:32, édité 1 fois au total.
Attentyon, ponaytte maychante !
Téthis

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Géo : De passage chez les cathares

Sam 31 Mars, 2007 11:54

:( bon dieu !

Mais en France on le bafoue ce principe du "Keep It Simple, Sucker (ou Stupid?)" !

Chez nous c'est plutôt : Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.


Y a-t-il une réponse à ma question: ai-je la possibilité de refuser d'utiliser ces machines le jour du scrutin?

Et si, lors du 22 avril, dans chaque bureau de vote concerné par ces machines de vote, un ou plusieurs électeur(s) refusait de les utiliser?

Et comment faire comprendre au grand public que la sécurité informatique n'a rien à voir avec l'opacité (au contraire)? Et qu'on peut faire tous les tests de "fiabilité" qu'on veut, le fait qu'on n'ait aucune transparence lors du fonctionnement/vote, permet toutes les falsifications?

Et comment accepter un système de vote non contrôlable simplement et par tous les citoyens comme avec les urnes transparentes et le dépouillement public du scrutin ?
"A mon avis chez Microsoft ils sont infiniment plus doués pour faire du fric que pour élaborer des systèmes d'exploitation performants." Linus Torvalds
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mepis
Linux User # 415016
Jess

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Géo : Palaiseau

Sam 31 Mars, 2007 12:19

Merci Thétis :D . C'est bien ce que je pensais, je sais moi-même ce qu'est le KISS, principe si cher à ma Slackware adorée. Pour Edison j'ai souvent vu des gens avoir le même comportement anti-simplicité, ça m'abasourdit (pour mesurer combien d'eau fallait mettre pour cuire sa minestrone, avec une règle et calculette).
Pour revenir au sujet, sans parler de code des logiciels ou puces utilisées etc... je parlait de protocoles, les sommes de contrôle etc... voir les courbes d'errreur en fonction de la température, car des millions de votes ça fait beaucoup de chance de se tromper.
Ensuite, je serais curieux de savoir la résistance de ces machines aux champs électro-magnétiques. Si avoir un téléphone portable ne risque pas de perturber le vote, par exemple.
Enfin, même si c'est plus difficile d'écouter les votes depuis qu'ils ont enlevés les accents. A mon avis c'est pas compliqué de tout enregistrer et de faire une étude statistique pour savoir quel signal correspond à qui, puisque de toute manière les résultats seront publiés. Après, suffit de noter l'ordre dans lequel les gens sortent du bureau de vote... (même si c'est perfectible, en changeant la séquence à chaque vote, les problèmes de simplicité et de transparence persistent).
Même si je ne tombe pas dans la parano, pour moi on ne peut plus trop parler de vote démocratique.

Aussi, vu que personne n'a jamais touché de machine à voter ou presque, je suis certain qu'un petit malin s'amusant à coller des étiquettes pour changer les noms bernera tout le monde... (ça me ferait froid dans le dos de dire pari-tenu, du coup je ne le dis pas).

edit: j'ai mangé un bout de mon texte en copiant collant
FrihD

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