Bibifri a écrit:Et c'est bien ça qui est dommage, que le "commun des mortels" ne se base (par paresse intellectuelle, je le dis tout de go même si ça dérange!) que sur la gratuité pour faire son choix.
Sur cet éternel (et passionnant) débat, je me permet ce petit commentaire :
En essayant de me replacer dans le contexte de ma découverte des logiciels libres, et des mois/années qui ont précédé, je constate ceci : ayant peu de moyen pour acheter des logiciels (parce que bon, l'argent de poche...), je cherchais avant tout des logiciels gratuit. Ont donc valsé sur mon/mes ordinateur(s) de l'époque quantitié de freewares, dont certains étaient assez bon (genre Winamp 2.9), et d'autre moins. Sauf erreur, le premier logiciel libre que j'ai installé devait être la suite Mozilla, parce que :
1/ c'était gratuit
2/ j'aimais essayer de nouvelles choses
3/ je me rappelais de l'époque, quelques années avant, où j'utilisais à la fois Netscape et Internet Explorer (les deux faisant à peu près jeu égal à cette époque). Ayant lu que Mozilla était l'équivalent moderne de Netscape, j'ai eu envie de voire ce que ça donnait.
Et puis le logiciel était bon. IE est tombé en désuétude sur mon ordinateur.
Je ne me souviens plus vraiment à quel moment j'ai découvert que le code source (hop, apprentissage de la notion de code source) de Mozilla était ouvert, que c'était un projet collaboratif, tout ça. En tout cas ce n'est pas ce qui avait motivé l'utilisation que j'en faisais.
Avec le temps, j'ai utilisé de plus en plus de logiciels "open source" sous mon windows XP. Pas parce que c'était gratuit. Pour le gratuit, il y avait les freewares, souvent plus facile à trouver que des logiciels opensource hébergés sur Sourceforge (galère des recherches... connaissait pas encore Framasoft à l'époque). Mais surtout parce que:
1/ Par rapport aux logiciels craqués, il y avait la satisfaction personnelle d'être dans son bon droit en utilisant le logiciel.
2/ Par rapport aux freewares, il y avait la sécurité en plus (qui voudrait/pourrait caser un spyware dans un code ouvert ?) et les sollicitations commerciales en moins (achetez la version Full trop d'la balle DeLuxe, etc.)
Mais surtout, surtout, ces logiciels étaient des logiciels de bonne qualité. C'est avant tout ça qui compte. L'atachement aux valeurs du libre est venu après. D'abord la qualité des logiciels libres.
En résumé :
« J'utilise ce logiciel là, il est vraiment génial. Ça marche très bien. C'est gratuit. C'est efficace. C'est open-source, donc pas d'emmerdes, c'est du sûr. Et ça marche vraiment bien. Et c'est un logiciel libre. Ah oui pourquoi "libre" d'ailleurs ? Ah d'accord... c'est intéressant tout ça ! Et c'est un système viable ? Ah ben on dirait bien que oui ! Ah ben si je m'étais imaginé... »
Si je m'inspire de ma propre expérience, mais aussi de ce que je constate autour de moi, je me dis que mettre trop en avant l'aspect libre des logiciels libres est une erreur stratégique. Est-ce qu'il faut avoir honte des valeurs du libre, est-ce qu'il faut les cacher ? Pas du tout ! Mais on ne va pas en faire une trop forte publicité. Le mieux est de laisser parler l'envie d'en savoir plus de l'interlocuteur / de la cible marketing. Cette envie peut très bien ne pas venir, même si l'utilisateur du logiciel a croisé le terme "libre" plusieurs fois. Tant pis. Mais je pense que faire du prosélytisme trop actif pour les valeurs du libre est contre-productif.
Pourquoi est-ce que ça serait contre-productif ?
Rappelez vous ce que les non initiés disent du libre, quand ils en entendent parler : « Ouais nan un truc collaboratif c'est pas possible, c'est pas sérieux, ça vaut pas machintruc, c'est pas réalisable, ça tient de l'utopie. » Oui, ça tient en partie de l'utopie, d'une utopie en bonne partie réalisée, donc finalement pas si utopique. Le problème, c'est que l'utopie ça fait peur. À tout le monde. Regardez comme on considère les hommes politiques qui nous promettent des lendemains qui chantent. On se dit qu'ils se foutent de notre gueule.
L'avantage des logiciels libres sur les hommes politiques, c'est que la démonstration de leurs capacités (aux logiciels), de leur sérieux, est facilement réalisable. Il suffit de les utiliser. Pas mal, non ? Deux ou trois logiciels libres installés, laisser du temps au temps, ne pas cacher qu'il s'agit de logiciels libres (et puis doubler le terme "libre" par "open source" dans un premier temps, car franchement c'est plus parlant, c'est technique, ça rassure... mais ne pas cacher le terme "libre" pour autant... on dira alors à l'interlocuteur que les deux termes existent, que c'est surtout une différence de point de vue). Mais ne pas faire de conférence non plus. Laisser venir la demande.
Donc voilà, si dans les médias on dit "open source" plutôt que "libre", ça ne me choque pas. Si on dit "gratuit" seulement, ça ne me choque pas non plus. On aurait pu mentionner qu'il s'agit de logiciels libres, ç'aurait été sympa. Et tant qu'on ne rentre pas trop dans les détails, pas trop contre-productif. Mais s'il doit y avoir un "marketing" du libre, je doute fort qu'il passe par une "éducation" massive aux valeurs du libre.