mcguffin a écrit:Saint-Chinian a écrit:J'ai déjà répondu ci-dessus :
Sauf que tu es a coté de la plaque.
La proprieté intellectuelle dispose egalement de la notion de patrimonialité (au meme titre qu'une proprieté materielle)
De plus comme je l'ai deja dit, la notion d'exploitation est negligeable pour enormements d'oeuvres, l'essentiel demeurerant dans la resposabilité morale que représente une telle propriété.
Par ailleurs, dans le versant de l'exploitation qui semble te titiller, ce n'est pas un disque (materiel) ou une copie (immateriel) qu'on paye lorsqu'on parle de droit d'auteur, mais bien l'usufruit que représente la jouissance d'une oeuvre.
quand je dit "payer" c'est au sens large, car cela reste a la discretion des artiste eux meme de definir ce qui *leur* convient.
Cependant, la notion de materiel et d'immateriel est malgre tout importante. Il me semble que, dans la tradition
liberale, le premier a avoir justifier la notion du propriete dans l'optique d'un contrat social,
c'etait Locke, et qu'il le justifiait par le fait que la terre doit appartenir a celui qui la travaille. Autrement
dit, c'est parce que je travaille un bout de terre pour en recolter les fruits et que je suis mon seul
maitre que celle-ci doit m'appartenir. Il voyait ensuite dans l'argent une possibilite d'echange,
mais la notion de propriete est bien liee a celle de l'usage. Il me semble, qu'en droit francais, qu'un objet perdu
non reclame au bout d'un an et un jour appartient a celui qui l'a trouve, car son possesseur n'en a donc
plus l'usage s'il ne l'a pas reclame, et que la loi prevoit des possibilites d'appropriation de terrains communs,
mais a chaque fois lie a l'usage. Sur le probleme de l'usage et du droit, et puisque vous semblez attacher
une grande importance a la notion de propriete, je vous conseille de lire
"les mysteres du capital"de De Soto, ou encore "l'or" de Cendrars.
Une oeuvre est un bien immateriel, et la transposer sur un support materiel ne prive personne
de son usage, alors que si quelqu'un me vole un objet materiel, je n'aurais moi plus la possibilite de l'utiliser.
Le droit garantit automatiquement un certain nombre de droits sur une oeuvres,
certains de facon illimites (droit moral), et d'autres de facons temporaires. Mais
le droit, contrairement a un objet ou un terrain que je peux toujours defendre
par la force, est le seul a pouvoir le garantir. L'idee du droit d'auteur, tout comme celle de brevet, etait de permettre d'assurer
une possibilite de revenu, mais ce il y a eu des epoques et des pays ou c'etait l'imprimeur qui disposait d'un droit exclusif de propriete sur une oeuvre ( voir par exemple cet article du monde). Probablement, un certain nombre de personnes (ceux qui s'occupent de la diffusion et l'exploitation des oeuvres) aimeraient bien revenir a ce modele, mais les artistes seraient-ils d'accord ?.
Ce qui a justifie la limitation de la duree de ce monopole (dont la duree a progressivement augmentee ans le temps),
c'etait bien cette notion que les idees sont utiles a l'humanite tout entiere, et donc la dissemination
d'oeuvre permettait d'augmenter le bien commun. Bien qu'inventeur et fondateur de l'office
americain des brevets, Jefferson etait contre le brevetage des idees, et ecrivait que
Si la nature a fait une chose moins susceptible que d'autres d'une appropriation exclusive, c'est bien l'action
de la force de la pensee appelee idee, qu'un individu peut posseder exclusivement aussi longtemps qu'il
la garde pour lui. A partir du moment ou il la divulgue, il en donne la possession a chacun, et celui qui la recoit
ne peut s'en defaire.
et que
celui qui reçoit une des mes idées enrichit son savoir sans réduire le mien, tout comme celui qui allume la chandelle à la mienne se donne de la lumière sans me plonger dans l’obscurité
Bref, le droit de la propriete intellectuelle a ete concu comme un equilibre entre une incitation
a la creation via la garantie d'un possible revenu, et l'interet pour le bien commun. Cet equilibre
peut bien sur etre perturbe voire meme completement remis en question (droit trop exclusifs ou pas de droit),
mais il faut bien en peser les consequences.
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akabob
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