Mikelenain a écrit:Alors pour répondre un peu aux personnes ayant posté (je fais un tir groupé, ça ira plus vite et moins galère, mais c'est encore surtout Shimegi) :
Beaucoup disent et pensent (et je ne suis pas contre cette vision des choses mais je nuancerais mon point de vue plus bas) que "tout travail mérite salaire".
J'aurais aussi quelques critiques à émettre au niveau des pensées méritocratiques, mais je ne suis pas sûr qu'il faille développer ici. En bref :
Si Sylvain tond le gazon chez le voisin André pour se faire un peu de monnaie, en fonction de quoi doit-il être rémunéré ?
- en fonction de la surface tondue ?
- en fonction du temps passé à tondre ?
- en fonction de sa vitesse de tonte ?
- en fonction de ses besoins ?
- en fonction du budget d'André ?
- en fonction d'autre chose... ?
Affirmer qu'il y aurait une réponse définitive et universelle serait contraire à la liberté de négocier. En plus, cela encouragerait le mythe d'une justice naturelle (chercher "croyance en un monde juste" "psychologie sociale").
Il y a aussi le glissement de "lois de la nature" à "lois juridiques". L'amalgame a été fait entre "Tu récoltes ce que tu sèmes." et "Tu récoles ce que tu mérites."
Autre signe (ou facteur) : le nombre de fois que des personnes essaient de se justifier, de justifier leurs actes, alors qu'elles n'y a pas à se justifier. Est-ce pour donner du sens à nos quotidiens ? Est-ce que donner du sens au monde et aux êtres implique de croire en une justice naturelle ou en une autorité absolue/universelle (Dieu, la loi, Shiva, la monnaie, quelque dogme, le policier, le juge, etc.) ?
De plus, un "déterminisme méritocratique" ("à tel effort fourni correspond telle récompense précise") empêche le bénévolat (le bénévolat, le don et le pardon ne sont pas synonymes de méritocratie), lequel fait partie de l'esprit libriste.
Actuellement, dans beaucoup de pays, s'il y a un conflit, la loi (le droit) le résout à notre place, avant même qu'on ait pu s'entendre. Elle joue l'autorité. Idem pour l'argent : le prix est fixé au magasin, contrairement au marché aux puces où l'on pouvait négocier. Il y avait de l'incertitude, du hasard, de la liberté. Il s'agit de (re)créer du hasard (quitte à perdre du contrôle).
Dans le sens de créer du hasard, je suis plutôt pour maintenir les licences actuelles, voire en créer d'autres qui puissent être pertinentes et bénéfiques.
Pour ma part, je ne cherche pas à faire un usage lucratif de ce que je partage sur le web. Le web, c'est le libre accès, le libre partage (sans les DRM, of course). Mes activités lucratives sont "IRL" (commme disent certains ; in real life), hors du web. Je donne aussi des cours et cours d'appui : en mathématique, français, allemand, anglais et latin. Je crée des fichiers odt, ods, pdf. Pour l'instant, je ne leur ai mis aucune licence, mais je pense à CC0 (là, j'apprends html, css, puis php peut-être par la suite, histoire de créer un site web où je mets toutes mes créations sous CC0 et sans DRM). Puis bon, pour avoir moins besoin de revenu pécuniaire, pour moins dépendre de la monnaie, il y a au moins deux possibilités : réduire ses dépenses ; pratiquer le libre partage (de savoirs, de savoir-faire, d'outils, de confiance) en groupes, où chacun lors d'une journée partage ses savoir-faire et savoirs, de manière participative et pédagogique. Savoir-faire mathématiques, musicaux, linguistiques, manuels, cognitifs, artistiques, etc.
Mikelenain a écrit:Suivant la situation, je peux ne pas demander salaire. Mon travail le mériterait mais parfois il arrive que j'ai des élèves dont les parents n'ont pas les moyens. Est-ce parce-qu'ils sont moins riches que je ne devrais pas les aider ? Je ne sais ce que vous en pensez, mais c'est pas mon cas.
Il est parfois (pas toujours) possible de donner des cours groupés (plusieurs élèves à la fois) : un petit peu plus (ou autant) de revenu pour toi ; bien moins de coûts pour chaque famille/élève.
Si tu as assez de revenus avec tes élèves, tu peux financièrement (tu n'es pas obligé) donner des cours gratuits à celles et ceux qui sont en difficultés financières. C'est de la négociation, yes ! Par exemple, je donne des cours de français-anglais à un couple polonais chaque semaine. On s'est arrangé pour que je fasse moins cher de l'heure, et après le cours, je mange avec eux (je fais le cours à domicile).
Tout à fait d'accord avec toi, on peut se passer des intermédiaires commerciaux (acheter directement le disque après le concert, au groupe de musiciens même) comme on peut se de l'intermédiaire qu'est la monnaie. CopyHeart va dans le sens "on n'a pas besoin de la loi". Les zones de libre partage de rue vont dans le sens "on n'a pas besoin de la monnaie".
Bon, le truc qui me tenterait bien, c'est de mettre des oeuvres similaires (pas forcément ressemblantes) sous différentes licences Creative Commons, juste pour voir comment vont réagir les juristes, les entreprises, les utilisateurs lambdas. Par exemple, trois tutoriels qui expliquent la même chose (par exemple, les identités remarquables) mais de trois manières différentes et avec des exemples et exercices différents, chacun sous des licences différentes (CC0, CC-BY-SA et CC-BY). Après, je fais le même genre de test avec sept images différentes mais très ressemblantes entre elles, chacune sous une des sept licences Creative Commons (CC-BY, CC-BY-NC, CC-BY-ND, CC-BY-NC-ND, CC-BY-SA, CC-BY-NC-SA, CC0). Oh... puis carrément une huitième (toujours très ressemblante mais différente) sans licence (donc sous le "copyright" habituel des 70 ans après la mort de l'auteur).
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shokin
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