Ven 07 Juil, 2006 16:09
D'après ce que j'ai réussi à en comprendre en glanant des infos à droite et à gauche, l'information etant très dure à trouver :
Attention, il ne s'agit pas d'information officielle en provenance des éditeurs. Eux vous disent juste que ce sont "de nouveaux standards à haute valeur ajoutée pour une meilleure expèrience multimédia"...
1) les CD copy-control
C'est
- d'une part un CD-Audio trafiqué (ne respectant pas la norme) pour qu'un lecteur typique d'ordinateur ne voit pas les plages musicales, alors qu'un lecteur typique de chaîne ne verra que ça. Comme on peut s'en douter, ce genre de méthode entraîne de sérieux problèmes de compatibilité : suivant les modèles, le CD peut être parfaitement lisible sur l'ordinateur, et en même temps empêcher la lecture sur la chaîne...
- d'autre part un session informatique sur le CD, lancé par l'autorun Windows, qui va :
* installer un lecteur propriétaire pour lire des fichiers numériques cryptés et de qualité sonore infèrieure (histoire que "ça marche quand même")
* bricoler Windows pour être vraiment sûr qu'à l'avenir, les pistes audios ne soient pas accessibles. Pour ce faire, un programme dédié est installé, sans toujours le dire ou avec une possibilité de désinstallation (= malware)
Sony a raffiné le procédé en incluant une technologie de "rootkit", masquant ce programme aux yeux du système d'exploitation. Bien évidemment, ce genre de bidouille entraîne tout un tas de trous de sécurité qu'un virus s'est empêché d'exploiter, lui permettant de devenir indétectable pour la plupart des antivirus... Sony en a gagné un procès, qu'ils ont réglé à l'amiable pour éviter une mauvaise publicité et des condamnations plus lourdes.
2) le watermark
Cela consiste à cacher des informations dans un fichier ou un disque de telle sorte que:
- le fichier reste parfaitement lisible par les méthodes classiques
- retrouver l'information caché n'est possible que par celui qui l'y a mise
- le marquage resiste aux conversions et transcodages, même avec pertes
L'intérêt pour un ayant-droit est de marquer ainsi une oeuvre avec un identifiant correspondant à l'utilisateur auquel l'oeuvre est destinée. Ainsi, si l'oeuvre se retrouve sur un réseau P2P, il lui suffit d'extraire l'identifiant et d'envoyer une jolie lettre d'avocat.
Inutile de dire qu'avec ce genre de technique, le risque juridique pour l'acheteur légitime est important : il suffit de perdre, se faire voler ou simplement de prêter l'oeuvre à quelqu'un d'un peu indélicat pour risquer de se retrouver avec les avocats des majors aux trousses.
C'est ce qu'utilise certaines maisons disques qui proposent le remplacement des CD copy-control par des CD soi-disant "normaux" aux clients qui le demandent. C'est également utilisé par l'INA et cela pourrait être trivialement ajouté aux plate-formes de téléchargement type iTunes, Fnac ou Virgin
3) les serveurs d'autorisation en ligne
Un fichier protégé par ce système est crypté et même l'application sensée le lire n'a pas toute l'information nécessaire à son décryptage : elle doit pour cela aller demander une clé à un serveur possédé par le revendeur, qui décide ou non de l'attribuer. C'est la technique utilisée par toutes les plateformes de téléchargement (iTunes, Fnac, Virgin, Steam, ...).
- D'une part, l'application de lecture (et les périphériques associés) respecte scrupuleusement les conditions d'utilisations imposées, telles que le nombre de gravures, de transfert vers un baladeur, le type de baladeur vers lequel transféré. Il est aussi possible de mettre une date d'expiration, un nombre limité de lecture, etc.
- D'autre part, l'application redemande périodiquement l'autorisation au serveur : cela peut être tous les x jours, et est en tout cas toujours le cas lors d'une modification significative de l'ordinateur (changement de disque dur, réinstallation du système d'exploitation, etc...). Le serveur d'activation peut bien évidemment, entre 2 demandes, changer d'avis ou avoir disparu. Et sans autorisation, point d'accès à l'oeuvre. Les Conditions Générales de Ventes de ces services sont d'ailleurs remarquablement évasives ou carrément explicites : les restrictions d'utilisations peuvent être changée n'importe quand et de manière unilatérale, l'accès aux oeuvres achetées peut même carrément être coupés du jour au lendemain.
4) le HDCP, bouchage du trou numérique et révocation hors-ligne de matériel
Les TV HD, les décodeurs satellites HD et les futurs Blu-Ray et DVD-HD intègrent une technologie de protection (HDCP) qui permet de boucher le "trou analogique" : étant crypté de bout en bout, de la source à l'appareil de restitution finale, le signal ne peut être intercepté sur les cables, par un magnétoscope par exemple.
Pour construire un équipement HD, une société doit obligatoirement s'inscrire au consortium idoine pour obtenir une clé d'identification, généralement une par modèle de matériel. Bien évident, les conditions sont drastiques et les appareils devront respectés scrupuleusement les conditions d'utilisations des oeuvres (y compris le zonage des oeuvres ou la publicité non zappable en début de lecture).
Si un matériel est découvert non conforme, ou si sa clé est compromise et se retrouve sur Internet, Hollywood pourra alors décider, via des messages cachés dans les futurs émissions HD télé-diffusés ou par un disque plus récent, de désactiver (ou au moins sérieusement limiter les fonctionnalités) ce modèle d'appareil. Il s'agit d'un véritable bouton rouge capable, à distance, d'endommager des installations home-cinema de plusieurs milliers d'euros. Je me demande si la garantie prévoie cette éventualité ? Et si ça tombe hors garantie ?