Pas d'accord - c'est plus pour un amateur (qui par principe ne connaît rien à la PAO) que l'absence de tutoriaux, le manque d'ergonomie, etc. va poser problème.
Un "pro" (je reprends ta terminologie) est beaucoup plus à même à basculer sur ces logiciels, tout simplement parce qu'il a déjà un savoir-faire technique (depuis que Scribus est porté sous Windows, il y a des gens qui postent des messages d'aide dramatiques, tout simplement parce qu'ils n'ont jamais utilisé un logiciel équivalent - et ce serait pareil s'ils se mettaient brutalement à XPress...)
Nous sommes 4 ici à être passé à Scribus, pour faire un hebdo (
www.le-tigre.net) - donc si ça ce n'est pas une contrainte de temps (quant à être tous payés, là c'est une autre histoire

) ... C'est vrai que pour certaines choses il est plus lent qu'Xpress, mais pour d'autres, c'est le contraire. Ex. pour faire un PDF: rapide, efficace, exactement le même type de PDF sur tous les postes, je n'avais jamais connu ça avec le couple XPress/Acrobat Distiller... Et quand tu as 24 pages à faire en pdf chaque semaine, tu es content que ça te prenne 24 fois 1 minute et pas 24 fois 10 minutes... (Je parle de mon expérience, je ne dis pas qu'il n'est pas possible de faire vite de bons pdf avec des outils propriétaires, je note juste que pour moi c'est plus facile/rapide avec Scribus).
Ce qui m'a le plus frappé, lorsqu'on est passé à Scribus, c'est les 2 phases:
- 1° phase: un sentiment de "manque", de "perte": les utilisateurs se plaignent parce que ce n'est pas comme dans XPress, comme si Xpress était une norme en soi, alors que ce n'est qu'un programme. Exactement comme toi par exemple dans la phrase sur Gimp: les palettes d'outils disparaissent, ok, mais ça te gêne simplement parce que tu t'es formé sur Photoshop [de fait moi aussi ça me gêne, on ne tire pas un trait sur plusieurs années de pratique en 1 seconde] - je ne vois pas comment on pourrait dire qu'OBJECTIVEMENT il faut qu'un logiciel d'images soit comme Photoshop. Le fait que Photoshop existe depuis plus longtemps? Qu'il ait pris en compte les besoins réels des utilisateurs? Ce serait dénier la notion de découverte, de remise en question du modèle dominant, etc. Il suffit de prendre l'exemple des onglets dans Firefox: toutes les personnes à qui j'ai montré les onglets sur F. en leur disant "c'est 10 fois mieux que les nouvelles fenêtres dans IE" m'ont regardé comme si j'étais fou. Quelques semaines plus tard: qui pourrait se passer des onglets?
Il n'y a qu'à voir quand InDesign a commencé à proposer une alternative à Xpress, rapidement beaucoup de gens ont lâché Xpress parce qu'ils trouvaient InDesign tout simplement mieux. Il ne me paraît pas aberrant de penser que d'ici quelques années Scribus aura grignoté une part non négligeable voire importante du marché de la mise en page (là encore c'est particulier parce que l'équipe de Scribus est particulièrement brillante, rapide, impliquée, à l'écoute, etc. Je ne saurais dire pour les autres logiciels, que je ne pratique que de loin en loin).
- 2° phase: phase d'appropriation. Il y a énormément d'astuces assez subtiles dans Scribus. Une fois qu'on les maîtrise, on a assez vite un sentiment de puissance. Et à partir de ce moment-là, on ne perçoit plus les problèmes de la 1° phase. Depuis quelques temps au Tigre plus personne ne râle en disant que Xpress c'était mieux, au pire on râle parce qu'il y a telle chose qui ne marche pas comme on aimerait. Et du coup l'idée de revenir "en arrière", pour moi par exemple, est tout simplement impossible: je ne m'imagine plus du tout faire une maquette avec Xpress. (En même temps, il est évident que ctte phase est également réversible, exactement de la même façon que dans le passage XPress > Scribus. C'est tout simplement Scribus qui est devenu, pour moi, le modèle dominant).
Voilà pour mon avis.